Les stratégies de rente associées au riz en Afrique de l'Ouest

La place croissante occupée par le riz dans la consommation des villes a eu deux conséquences. La première est liée à son prix : l'écart, à certaines périodes important, entre le cours mondial du riz et le prix du riz local est source d'une rente que se disputent Etat et commerçants. La seconde tient au fait que le riz a acquis un statut particulier (non alimentaire) dans les circuits du commerce régional. Cette importance se traduit par des formes d'approvisionneme nt aux logiques différentes. Les acteurs de la commercialisation entretiennent les complémentarités en jouant sur plusieurs registres. Les Etats eux-mêmes adoptent des stratégies contradictoires en cherchant à protéger le développement de la production locale tout en ouvrant l'approvisionnement des consommateurs urbains au marché mondial. L'hypothèse défendue est qu'autour du riz se sont créés des enjeux qui sont d'une autre nature que celle de la problématique de la production pour l'approvisionnement alimentaire des villes. A ces enjeux sont associés des espaces de rente et des stratégies d'acteurs pour les exploiter. Les enquêtes ont été menées sur les marchés céréaliers. Elles montrent que les opérateurs qui contrôlent les approvisionnements sont très peu nombreux, qu'ils privilégient la rotation rapide du capital et qu'ils utilisent le riz comme un produit d'appel dans le financement de leurs activités commerciales. La plupart des Etats cherchent à élargir les espaces de rente, à travers l'adoption de politiques affichées ambivalentes, mais aussi par les pratiques des agents de l'Etat à tous les échelons de l'appareil administratif. Enfin, cette communication analyse la redistribution de ces rentes résultant des politiques de libéralisation des marchés et examine les premières tendances observées depuis la dévaluation du franc CF