Le développement local face aux chefferies du Nord-Cameroun

Les chefferies occupent une place prépondérante dans la gestion des territoires Nord-camerounais, paradoxalement en raison du processus de démocratisation et en partie à cause du désengagement de l'Etat. Leur pouvoir s'est étendu grâce à la configuration politique actuelle. Les projets de développement, à la recherche d'une plus grande participation paysanne, encouragent un transfert de la gestion des ressources vers les échelons locaux. Ils n'ont d'autres alternatives que de composer avec la chefferie, dans la mesure où elle peut contribuer activement au succès ou à l'échec de toute opération de développement. Il en est ainsi par exemple des actions du projet DPGT concernant le stockage de céréales ou la création de points d'eau à usage pastoral. Les chefferies perçoivent le développement à la fois comme une opportunité pour renforcer leur prestige et leur puissance, comme la mise à disposition de fonds publics et comme un vecteur de déstabilisation de leur suprématie. Les actions qui inquiètent les pouvoirs coutumiers relèvent de l'émergence d'un contre-pouvoir paysan et de l'installation de populations migrantes dans leurs territoires. Les réactions de rejet sont inéluctables et se manifestent sous diverses forme