Rapport de mission au Cameroun, 17 - 30 novembre 1999

Pour la culture du palmier à huile et de l'hévéa, le modèle de la plantation agro-industrielle entourée de plantations villageoises encadrées se révèle inadapté aux exigences de privatisation de ces deux filières. Pour le palmier à huile, on observe à l'inverse une dynamique très forte de plantations privées non encadrées sur des surfaces petites (quelques ha) à moyenne (50 à 100 ha, parfois plus), y compris dans des zones dépourvues d'huileries industrielles. D'un point de vue technique, on observe sans doute des pratiques culturales intéressantes, en particulier au niveau de l'association de cultures pendant les premières années, mais globalement on assiste surtout à une régression considérable notamment dans le choix du matériel végétal qui peut entraîner des pertes de 40 à 50% dans les rendements, et dans le traitement des régimes par les ateliers artisanaux dont les rendements en huile sont en moyenne inférieurs de 5 à 7 points à ceux des huileries industrielles. Cette dynarnique est moins évidente pour l'hévéa et il semble que la désorganisation des collectes des fonds de tasse et l'inexistence d'un secteur villageois pour la première transformation soit un frein à ce développement. Cependant on observe plusieurs types de cultures, plus ou moins intensifs, plus ou moins coûteux à l'installation. Chacun d'entre eux correspondant à un type d'investisseur différent, plus ou moins argenté, plus ou moins disponible pour assurer l'entretien, plus ou moins instruit sur la conduite de la plante et la pratique de la saignée. La libéralisation des filières palmier et hévéa a créé une situation nouvelle pour les petits exploitants qui se traduit par des transformations profondes dans les itinéraires techniques de production pour la culture du palmier et de l'hévéa et dans le processus de transformation pour les régimes de palmier. Cette évolution possède une dynamique propre très forte qu'il convient de comprendre pour tenter de gommer certains aspects apparaissant en première analyse comme régressifs et au contraire d'améliorer certaines innovations intéressantes pour en faire profiter un plus grand nombre. D'où l'idée d'enquêtes agronomiques approfondies destinées à mieux connaître les pratiques et les stratégies d'un secteur émergeant - celui des petites et moyennes plantations spontanées de palmier à huile et d'hévéa - afin d'y apporter un appui en faisant remonter vers la recherche les questions qui lui sont spécifiques. Il conviendra ensuite de tracer les axes d'une nouvelle recherche innovante en faisant la part de ce qui revient aux essais en milieu contrôlé (la station) et en milieu producteur. (Résumé d'auteur