Des figures en marge ? Les Juives et les femmes noires dans l’orientalisme et l’art colonial marocain

Version pré-print d'une communication donnée lors du colloque "La femme orientale" à l'Institut supérieur des études appliquées en humanité de Tozeur en avril 2017 (actes du colloque à paraître)« La » femme orientale, on le sait, est un des sujets phares des peintres occidentaux voyageant au Maghreb ou au Moyen-Orient, comme de ceux qui reconstituent un Orient dans leur atelier parisien. Mais loin de se réduire à une seule catégorie, les Orientales, tout comme les Orientaux, ont été regroupées dans diverses classifications religieuses, « ethniques » ou sociales, dont les plus célèbres, « Arabes » et « Berbères », éclipsent toutes les autres à partir du XX e siècle. Si la peinture occidentale met en scène principalement des femmes de ces deux groupes (ou du moins présentées comme telles), d'autres types de femmes apparaissent aussi dans les toiles. Celles-ci ont en commun d'appartenir à des catégories en marge de la société traditionnelle musulmane. En nous appuyant sur le cas du Maroc, nous voulons mettre en lumière ici deux autres populations féminines représentées par les peintres : les Juives, dont le statut de dhimmi les soumet à plusieurs contraintes, et les femmes noires, qui constituent la majorité des esclaves au Maroc. Nous souhaitons donc examiner successivement les représentations de ces deux types de femmes généralement oubliées quand on parle d'orientalisme ou d'art colonial et qui sont pourtant bien présentes picturalement. Quelles visions de ces femmes les peintres nous présentent-ils ? Quel espace leur accordent-ils ? Il y- a-t -il des changements dans l'iconographie des Juives et des Noires entre la peinture orientaliste française du XIX e siècle et la peinture coloniale du siècle suivant