Écrire une histoire transnationale de la littérature francophone (en contexte) féministe / Writing A transnational french-speaking literary history (in Context) of Feminism

À la fin des années 1960, le Québec comme la France voient se réunir les premiers groupes de femmes qui impulsent au tournant de la décennie le Mouvement des femmes au Québec et en France. La « deuxième vague » du féminisme s’internationalise et connaît un lien particulier à la culture : les écrivaines notamment entretiennent des liens étroits non seulement avec l’action politique mais encore avec la question du politique au sein de leurs textes. « Poésie e(s)t Politique », titre de l’écrivaine française Hélène Cixous (1979), semble valoir pour l’ensemble de la période. La « Rencontre québécoise internationale des écrivains » qui se tient à Montréal en octobre 1975 constitue un évènement majeur et exemplaire de cette histoire d’une littérature transnationale produite dans le contexte du féminisme. Les actes, publiés par la revue québécoise Liberté l’année suivante, constituent une source d’histoire littéraire remarquable en ce que les débats y sont reproduits en intégralité, en supplément des communications. À la suite de Chantal Maillé et de Inderpal Grewal et Caren Kaplan, je retiens le terme transnational – plutôt que celui d’international ou de global – afin de rendre compte des formes d’alliance qui passent tout autant par la constitution de réseaux féministes et littéraires que par une production littéraire conjointe. Intervenant dans l’atelier du Wilson Institute, j’interrogerai, en tant qu’historienne du littéraire, l’apport et les spécificités de l’écriture d’une histoire littéraire transnationale en contexte féministe ainsi que celle d’un féminisme transnational aux enjeux littéraires