Le pouvoir pornographique: De la création des corps à l'affirmation de soi

International audienceCette communication présente une partie des travaux de ma thèse, en cours de rédaction, qui s’intitule « le travail pornographique gay : jouissance et aliénation ». Si ma thèse ne fait pas le choix d’aborder frontalement la catégorisation de la pornographie comme travail et comme profession, c’est pour mieux montrer comment des processus internes et externes au travail pornographique et à son organisation permettent de préserver dans un rapport ambivalent de jouissance et d’aliénation le statut quo pornographique. De plus, nous ne figerons pas une définition a priori de la pornographie. Une telle catégorisation esthétique ou venant qualifier un travail dirait bien plus de chose du chercheur ou de la chercheuse qui l’a produite que de « l’objet » effectivement étudié. Définir la pornographie c’est dire quelque chose de son rapport à celle-ci, c’est déjà poser une grille d’analyse. C’est pourquoi, j’ai fait le choix d’accéder au terrain avec les yeux de l’évidence ou ceux de la naïveté car pour le dire comme le juge américain Potter Stewart : « Je ne sais pas définir la pornographie, mais je sais la reconnaître. » (Ogien, 2008).C’est comme ça que j’ai pu analyser ces pratiques professionnelles et mettre à jour des processus d’apprentissage et d’incarnation du travail sexuel liés, non seulement, à l’organisation générale du travail pornographique, mais aussi à ses normes et à ses valeurs qui rencontrent celles des corps figurés . PROBLEMATIQUESDans le cadre spécifique de ces configurations (Elias, Heerma van Voss et Stolk, 1991), il sera donc possible d’analyser le rapport paradoxal entre aliénation et jouissance de soi (Naville, 1967) : Comment le travail pornographique et ses mutations (liées à l’apparition des « tubes », par exemple) marquent-ils les corps et les pratiques des acteurs