La crise de la culture et le don des vivants

Je me propose de retracer le dialogue que Danièle Sallenave a engagé avec la philosophie contemporaine, notamment avec la phénoménologie et l’herméneutique, pour nourrir sa conception éthique de la littérature. Comment se forme, dans ses essais théoriques, la conviction que la littérature est à la fois une puissance de désaliénation sociale et de constitution du sens de l’existence ? Où s’alimente la remise en question du texte romanesque tel que l’avait théorisé le Nouveau roman ? Il s’agit d’interroger les prises de position théoriques selon lesquelles l’œuvre de fiction, loin de se réduire à un ensemble de relations formelles, à une dissémination incontrôlable du sens ou à un assouvissement « spectaculaire » du lecteur, acquiert une fonction libératrice selon laquelle « Le lien entre culture littéraire et émancipation est essentiel. ». Sans être directement articulée à l’analyse des œuvres romanesques de Danièle Sallenave, comme l’a fait récemment Isabelle Roussel-Gillet pour La Fraga, une telle investigation est certainement à même d’éclairer les grands choix narratifs de l’œuvre ainsi que les enjeux éthiques de sa conception de la littérature