Apports de la socialisation organisationnelle aux pratiques de recrutement/sélection : pour une meilleure intégration des nouveaux-venus dans leur emploi.

L’objectif de ce chapitre est de passer en revue les connaissances acquises sur la socialisation organisationnelle pour jeter un éclairage nouveau sur la compréhension et l’étude des pratiques de recrutement et de sélection. Dans une première partie, nous montrerons d’abord comment les travaux sur la socialisation s’appuient sur une vision intégrée des étapes jalonnant l’entrée dans une organisation, commençant dès avant la signature du contrat de travail par une phase de socialisation anticipatoire. Cette vision intégrée de l’entrée organisationnelle conduit aussi à une conception plus large et à long terme des critères de succès de l’adaptation professionnelle d’une nouvelle recrue. Elle incite également à une étude des effets différés des pratiques de GRH utilisées à chacune des étapes sur le déroulement des étapes ultérieures. Dans une seconde partie, nous développerons davantage les principales théories psychologiques mobilisées aujourd’hui dans la littérature sur la socialisation pour comprendre les processus affectifs, cognitifs et comportementaux vécus par les recrues. En particulier, la socialisation y sera étudiée d’abord comme un apprentissage dans lequel le nouveau-venu recherche activement, acquiert de l’information et développe sa connaissance de son nouvel environnement, dans le but de lui donner sens et de réduire ainsi son incertitude. Nous récapitulerons ensuite l’impressionnante littérature accumulée aujourd’hui sur le rôle de l’ « adéquation personne-organisation » (Person-Organization Fit ; Kristof-Brown, Zimmerman & Johnson, 2005) dans l’ajustement global au travail et l’effet respectif des pratiques de recrutement/sélection et des pratiques de socialisation sur cet ajustement. Enfin, le cadre théorique fort actuel de l’échange social (Coyle-Shapiro & Conway, 2004 ; Coyle-Shapiro & Parzefall, 2006) fournit un troisième cadre explicatif permettant de comprendre l’effet des pratiques de socialisation et, par extension, de sélection, notamment à travers le concept phare de contrat psychologique