La dépression adolescente et le sentiment d'agency selon une approche art-thérapeutique

L’adolescence est une période critique dans le développement bio-psycho-affectif de l’être humain. Les troubles de l’humeur survenant à cette époque ne sont pas toujours reconnus par l’environnement. La symptomatologie typique de la dépression adolescente peut être accompagnée d’un sentiment d’indignité, d’impuissance et de culpabilité, ainsi que d’une baisse de l’estime de soi (Marcelli & Braconnier, 2013). Ces concepts sont liés au sentiment d’agency – défini comme le sentiment qu’a une personne de pouvoir influencer son environnement (Bandura, 2000) – et au sentiment d’efficacité personnelle – l’appréciation de sa capacité à mettre en place des comportements adaptés pour atteindre un but fixé (Bandura, 1997/2003). Le sentiment d’efficacité personnelle, l’agentivité et la dépression s’influencent mutuellement, pouvant former un cercle vicieux entraînant l’aggravation et la persistance du trouble. Dès lors, il peut s’avérer important d’intégrer des expériences de succès et de maîtrise dans le travail avec des adolescents dépressifs, afin d’améliorer leur image d’eux-mêmes, ainsi que la perception de leur efficacité scolaire et sociale (Bandura, 1999). L’objectif de ce travail est d’investiguer la construction du sentiment d’agency chez des adolescents souffrant de trouble dépressif, pris en charge dans le cadre d’une art-thérapie de groupe. Des entretiens semi-structurés ont été menés auprès d’un échantillon d’adolescents afin d’évaluer ce qu’ils retiraient de ce type d’ateliers. Les données recueillies ont été investiguées par le biais de l’analyse thématique. Trois thématiques principales en ont été extraites : l’art-thérapie de groupe comme expérience rassurante, l’art-thérapie de groupe comme expérience d’agentivité et l’influence des expériences d’échec sur le sentiment d’agency. Les résultats semblent indiquer que l’art-thérapie de groupe est vécue, par les adolescents, comme une expérience positive et rassurante qui augmenterait leur confiance en leurs capacités. Ils paraissent s’accorder sur l’avantage de l’expression indirecte et contrôlée qu’offre l’art, ceci pouvant représenter une expérience active de contrôle sur ce qu’ils désirent partager ou non avec leurs pairs, mais aussi sur leurs émotions et leur vécu. Finalement, les expériences d’échec scolaire ou relationnel peuvent augmenter l’affect dépressif chez les jeunes, ainsi que diminuer leur confiance en leurs compétences et leur sentiment de contrôle.Master [120] en sciences psychologiques, Université catholique de Louvain, 2014La diffusion de ce mémoire n'est pas autorisée par l'institutio