L'anorexie mentale et l'expérience de l'envie et de la jubilation

L’anorexie mentale (AM) a souvent été associée à des déficits au niveau de la cognition sociale. Des niveaux faibles d’empathie, des déficits dans la réciprocité sociale et une anhédonie sont en effet généralement présents chez les patient(e)s AM (Tchanturia et al., 2013). De plus, étant donné que la cognition sociale détermine en grande partie la qualité des interactions sociales (Adenzato et al., 2012 ; Uerkermann & Daum, 2008), des déficits au niveau de celle-ci semblent associées à des problèmes interpersonnels. Chez les patientes anorexiques, il a été montré que ces problèmes interpersonnels peuvent maintenir indirectement les troubles (Treasure & Schmidt, 2013). Cependant, peu d’études se sont intéressées à l’expérience des émotions complexes, une composante de la cognition sociale, chez les patientes souffrant d’AM. Les émotions complexes permettent pourtant de maintenir des relations interpersonnelles et des comportements sociaux adéquats. Deux émotions complexes ont été étudiées dans ce mémoire à savoir l’envie (bienveillante et malveillante) et la jubilation, deux émotions socialement indésirables. De plus, deux prédicteurs de ces émotions, l’estime de soi et la comparaison sociale, ont également retenu notre attention dans le cadre de cette étude. Grâce à des questionnaires, cette étude a tenté de mettre en évidence des différences significatives dans l’expérience de l’envie et de la jubilation entre des patientes anorexiques et des sujets contrôles. Toujours par le biais de questionnaires, cette étude a tenté de mettre en relation ces éventuelles différences significatives au niveau de ces émotions entre les deux groupes et les différences au niveau de l’estime de soi et/ou de la comparaison sociale. Les résultats montrent des différences au niveau de l’envie (bienveillante et malveillante), de l’estime de soi et de la comparaison sociale, mais pas au niveau de la jubilation. Le rôle des prédicteurs semble dépendre du type d’envie et il semble que le niveau d’anxiété joue également un rôle important dans l’expérience de l’envie et de la jubilation chez les patientes anorexiques. Les résultats de l’étude ainsi que les limites de celle-ci seront discutés.Master [120] en sciences psychologiques, Université catholique de Louvain, 201