Quel est le rôle des motivations initiales sur la suite de la carrière enseignante ? La mise en relation des motifs à embrasser une carrière enseignante avec les pratiques pédagogiques, le ressenti vis-à-vis du métier et l'intention de rester dans la fonction.

Cette recherche, ancrée dans une approche privilégiant l'angle disciplinaire de la psychologie de l'éducation, souhaite investiguer la problématique des motivations d’entrée dans le métier auprès des instituteurs primaires et la portée de celles-ci sur la carrière (les pratiques enseignantes, l’état de satisfaction, la volonté de rester en fonction). De ce fait, notre question de recherche globale peut se libeller comme suit : Existe-t-il un lien entre les motivations à s'engager dans la fonction d'instituteur primaire (A) et les pratiques pédagogiques, le ressenti vis-à-vis du métier et l'intention de persister dans la fonction (B) ? En termes de balises théoriques, le « FIT-Choice » de Watt et Richardson (2007) a été mobilisé afin de définir les motifs d'entrée dans la fonction enseignante. Pour structurer les pratiques pédagogiques, ce sont les apports de Stordeur (2006) et de Perrenoud (1996) qui ont été utilisés. Relativement au ressenti, c'est le sentiment d'efficacité personnelle de Bandura (2003) et le cadre théorique de Sane (2001) relatif à la satisfaction professionnelle qui ont été retenus. Enfin, concernant la persistance, des repères tirés des études du GIRSEF ont été repris. Méthodologiquement, ce mémoire s'est basé sur une approche quantitative auprès des instituteurs primaires des communes de Verviers, Theux et Jalhay. De facto, un questionnaire voué à interroger les variables mobilisées a été diffusé et sur base des données récoltées (141 participants), divers traitements statistiques ont été opérés dans l'optique de répondre aux questions de recherche posées. Différents résultats significatifs ont été épinglés au sein de ce mémoire. L’existence de liens entre les motivations d'entrée et les différents types de pratiques pédagogiques a été observée. En effet, nos résultats ont mis en avant l'impact positif des motivations intrinsèques sur la mise en oeuvre de pratiques pédagogiques de type « conditionnement » (tel que défini par Stordeur (2006)) ainsi que le rôle bénéfique des motivations altruistes sur la pratique d'une pédagogie de type « constructivisme ». Par ailleurs, des liaisons négatives ont été épinglées entre les motivations à valeur extrinsèque et la pratique de la différenciation. Dans la foulée, relativement à la pratique de la différenciation, une relation négative a été mise en exergue entre le choix d'une carrière par défaut et la pratique de celle-ci. Cette partie de l'enquête était la plus originale étant donné le manque d'études antérieures effectuées dans le domaine. En effet, tester l'impact des motivations d'entrée sur les pratiques de classes demeure une perspective peu étudiée (Berger & d'Ascoli, 2011). Relativement au ressenti, nos tests ont été révélateurs. En effet, ceux-ci ont montré l'impact négatif d'un choix de carrière par défaut et des motivations à valeur extrinsèque sur la satisfaction professionnelle corroborant des études antérieures. Concernant le sentiment d'efficacité personnelle enseignante, nos tests ont montré l'importance d'une bonne perception de ses capacités à enseigner en amont du choix de devenir enseignant. Plus cette perception en amont est élevée, plus le sentiment d'autoefficacité en aval est élevé. Enfin, notre recherche a montré que la suite donnée à la carrière était liée, en partie, aux motivations initiales. En effet, les motivations extrinsèques prédisent négativement la persistance dans la fonction. Afin d'approfondir la recherche et dans une optique de complémentarité, une étude de type qualitatif pourrait être envisagée. Celle-ci permettrait notamment de s'éloigner des pratiques pédagogiques déclarées pour se rapprocher des pratiques effectives de classes des enseignants.Master [120] en sciences de l'éducation, Université catholique de Louvain, 201