Le principe d'évaluation économique de la biodiversité et des services écosystémiques: un état des lieux des utilisations attendues

Plusieurs indicateurs mettent actuellement en lumière le déclin de la biodiversité. Ce problème, moins médiatisé que le changement climatique et les gaz à effet de serre, n’en est pas moins urgent et alarmant. Ainsi, pour tenter de lutter contre cette érosion, une piste de solution émise depuis plusieurs années par les experts et scientifiques est d’évaluer économiquement la biodiversité et les services écosystémiques afin de les traduire dans un langage compréhensible par tous. Cependant, ce principe d’évaluation économique de la biodiversité et des services écosystémiques a déjà fait émerger plusieurs débats : le débat relatif à la légitimité éthique du principe, celui relatif à sa faisabilité technique et celui relatif à ses différentes utilisations attendues. Les deux premiers débats ayant déjà fait l’objet de beaucoup d’études, ce mémoire se focalise sur le troisième débat qui semble avoir été délaissé dans la littérature scientifique (Laurans et al., 2013a). Or, ce débat concernant les utilisations attendues ne doit pas être sous-estimé. En effet, pour avoir un impact sur l’érosion de la biodiversité qui est son objectif premier, ce principe ne doit pas s’arrêter à un simple exercice intellectuel d’estimation de valeurs, mais il doit être appliqué dans la réalité des situations. L’objectif final de ce mémoire est donc de tenter de combler cette zone d’ombre littéraire en répondant à la question de recherche suivante : « Quelles sont les différentes utilisations attendues du principe d’évaluation économique de la biodiversité et des services écosystémiques ? ». Pour ce faire, nous nous sommes basés sur des analyses de documents et des entretiens avec des experts. Nous proposons tout d’abord une typologie des utilisations attendues du principe, à savoir l’aide à la décision publique, l’aide à la décision privée, les systèmes comptables, les mécanismes de marché, les outils de communication et les utilisations juridiques. Ensuite, nous analysons chaque utilisation attendue selon son origine, ses objectifs, son contexte d’utilisation, ses acteurs et ses résultats, afin de fournir un véritable état des lieux structuré des différentes utilisations. Grâce à cet état des lieux, nous avons pu identifier les utilisations attendues mises en exergue dans notre typologie qui permettent réellement et concrètement d’appliquer le principe. Et force est de constater que malgré le large spectre d’utilisations attendues mises en évidence dans notre typologie, seule une infime partie de ces utilisations permet actuellement d’appliquer le principe d’évaluation économique de la biodiversité et des services écosystémiques.Master [120] en sciences de gestion, Université catholique de Louvain, 201