PME et évaluation RSE des fournisseurs : mythe ou réalité?

Ce mémoire projet réalisé au sein de la société pharmaceutique Tilman SA avait pour but de répondre à la question de la possibilité de l’implémentation d’une évaluation fournisseurs portant sur le thème de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) au sein d’une Petite et Moyenne Entreprise (PME). Le thème de la RSE dans les PME ainsi que celui de la RSE au sein de la chaine d’approvisionnement viennent de faire récemment leur apparition dans la littérature scientifique plus souvent consacrée jusqu’alors aux comportements responsables des grandes entreprises, les PME représentant pourtant 99% des businesses européens. Pour étudier ce sujet, la méthodologie utilisée consistait tout d’abord en une analyse approfondie de la revue de la littérature scientifique existante à la fois sur ce domaine de la RSE dans les PME mais aussi sur le rôle et l’implication sociétalement responsable de celles-ci au sein de leur chaine logistique. Après quoi, une étude statistique des résultats obtenus lors de l’évaluation des fournisseurs de Tilman SA a été réalisée afin de répondre à dix hypothèses préalablement établies au regard de la littérature. En parallèle, plusieurs interviews ont été menées afin de répondre aux interrogations soulevées lors de la mise en place du projet d’évaluation, sa formalisation et sa théorisation car la RSE, bien qu’étant un sujet actuel, n’en reste pas moins complexe et peu standardisée. Les résultats des tests d’hypothèses ont démontré des éléments intéressants. Ainsi, notamment, le fait de faire appel à une société de consultance aide à la mise en place d’une démarche RSE solide et fiable. Il a aussi été démontré qu’une entreprise n’avait pas besoin d’un département spécifiquement consacré à la RSE pour implémenter une politique responsable de qualité, point positif pour les PME le plus souvent en manque de moyens humains et financiers. Les tests ont également montré que les politiques RSE variaient selon les pays et que les grandes entreprises de manière générale avaient un score RSE - établi sur base d’une pondération scientifique des sept dimensions de la RSE - plus élevé que les PME mais que le score de ces dernières variait selon la catégorie de PME - micro, petite ou moyenne. Considérer que les trois catégories de PME agissent de manière similaire en ce qui concerne la RSE serait donc une erreur commise par la littérature. Plusieurs raisons peuvent pousser les PME à se lancer dans une telle démarche : agir de manière proactive et anticiper les obligations légales qui ciblent de plus en plus les PME et leurs comportements au sein de leur chaine d’approvisionnement ou encore renforcer les liens et le dialogue avec leurs fournisseurs et ainsi anticiper le retour au coopératif car, aujourd’hui, établir des relations de confiance est primordial dans le maintien d’un business. En outre, l’évaluation fournisseurs permet d’amener de nouvelles questions et pistes de réflexion pour renforcer le « core business » de l’entreprise. En conclusion et donc pour répondre à la question posée ici, il est certes faisable de mener une telle évaluation à l’échelle d’une PME, néanmoins il convient de tenir compte de certaines limites et conditions. Etant donné l’hétérogénéité des PME, une PME n’étant donc pas l’autre, la facilité d’implémentation au sein de l’une ne signifie pas qu’une autre aura cette même possibilité. Par ailleurs, la politique RSE d’une PME dépend essentiellement des valeurs prônées par le patron de l’entreprise investi de manière variable dans la démarche responsable. Il faut aussi prendre en compte le fait que ce mémoire se base sur un échantillon de 49 fournisseurs et sur ceux de Tilman SA uniquement - PME déjà fortement impliquée dans la RSE mais pour qui cette étude était une première. Celle-ci se fondait sur un questionnaire simple, très basique afin d’entamer le dialogue avec cette partie prenante majeure pour toute entreprise ; les questions manquaient parfois de précision et de profondeur. Enfin, la norme ISO 26000 comme cadre de référence n’était peut être pas la meilleure approche car elle s’inscrit dans un cadre trop généraliste. Au-delà de ces constats, il apparait que l’étude a ouvert des portes et qu’elle a porté des fruits puisque des actions concrètes sont en œuvre ou vont l’être. Agir est donc possible pour toute entreprise qui le veut et qui y croit.Master [120] en Ingénieur de gestion, Université catholique de Louvain, 201