L'addiction cybersexuelle masculine: l'influence des comportements sexuels à risque, des fantasmes sexuels et de la satisfaction sexuelle

Internet et sexualité sont deux notions ancrées l’une dans l’autre et sont devenues pratiquement inséparables. L’utilisation conjointe d’Internet et de la sexualité est multiple : auto-éducation sexuelle via des sites et/ou des forums ; enrichissement de ses propres pratiques sexuelles, seul ou à plusieurs ; rencontrer de nouveaux partenaires sexuels ; visionnage d’images et vidéos érotiques, des chatrooms (lieu de discussions en direct), des webcamrooms (lieu d’échange visuel avec webcam). Il semblerait qu’Internet soit le nouveau lieu pour vivre sa sexualité. Mais cette offre cybersexuelle constante, facilement accessible et généralement gratuite de matériel sexuel n’est pas sans risque et passer dans l’excès et la problématique est alors bien une réalité que certains consommateurs et, ultérieurement, certains thérapeutes rencontrent. L’étude de l’addiction cybersexuelle masculine est l’objectif de ce mémoire. Trois facteurs, envisagés sous forme de parallélisme entre les comportements sexuels en ligne et hors-ligne, ont été mobilisés pour pouvoir mettre en évidence leurs implications sur une consommation problématique de cybersexualité. Ces facteurs qui vont servir de points de départ pour étudier ce parallèle sont les comportements sexuels à risques, les fantasmes sexuels, et la satisfaction sexuelle. Pour ce faire, une enquête en ligne a été menée auprès d’un échantillon (N = 132) exclusivement constitué d’hommes majeurs francophones et ayant consommé de la cybersexualité lors des six derniers mois. Un questionnaire, réalisé à partir de plusieurs échelles existantes, a permis de récolter les données nécessaires pour pouvoir répondre aux différentes hypothèses. Ces dernières cherchent à évaluer l’incidence d’une consommation problématique de cybersexualité sur des comportements sexuels à risque ; sur l’utilisation de fantasmes sexuels comme motivation ; sur la satisfaction lors de relations sexuelles avec un partenaire hors ligne ; et sur la présence de dysfonctions sexuelles. Les analyses statistiques mettent en avant plusieurs résultats : les personnes présentant une consommation problématique de cybersexe adoptent des comportements sexuels à risque, notamment via la recherche en ligne de partenaires sexuels. La satisfaction des fantasmes sexuels ainsi que la recherche de contenu paraphilique semblent être des motivations qui permettent de prédire un usage excessif de cybersexualité. De plus, les hommes ayant une utilisation problématique d’activités cybersexuelles souffrent d’une faible satisfaction dans leurs activités sexuelles hors-ligne et les hommes étant en relation conjugale auront tendance à pratiquer plus d’activités cybersexuelles seuls que d’activités sexuelles avec leur partenaire. Pour finir, les dysfonctions sexuelles (Ne pas obtenir d’érection, ne pas parvenir à maintenir une érection, ne pas éprouver de désir sexuel, avoir des douleurs génitales) sont avant tout expérimentées durant des activités sexuelles hors-ligne par des individus ayant un usage problématique de cybersexe. Ces résultats participent à la construction d’une meilleure compréhension de l’addiction cybersexuelle masculine et des répercussions de cette problématique dans le fonctionnement sexologique masculin.Master [120] en sciences de la famille et de la sexualité, Université catholique de Louvain, 201