Références laïques et enseignement religieux : de quelques recompositions au Sénégal de la période coloniale au XXIe siècle

Cet article s’inscrit dans la lignée des travaux notamment publiés dans Education et Sociétés : ceux de Jean-Émile Charlier (2002) sur “le retour de Dieu” et ceux de Sarah Croché (2014) sur “la concurrence des discours de vérité à l’école”, plus précisément sur la présence, au sein d’un même pays et à travers le monde, d’une pluralité de modèles éducatifs qui font coexister les registres de la religion, de la tradition et de la science. Les deux dernières décennies ont vu l’éclatement de revendications de reconnaissance des différences religieuses dans des espaces scolaires sécularisés, qui ont remis en question le potentiel de la laïcité à intégrer tous les groupes de citoyens. À partir de données recueillies sur le Sénégal, l’article propose de saisir empiriquement l’évolution de la laïcité dans ses rapports au religieux dans le champ scolaire au cours des périodes coloniale et postcoloniale. Inspirée par la théorie rousseauiste du “contrat social”, la laïcité comme modèle d’intégration sociale a toujours été amenée à composer avec le religieux. Le Sénégal présente un exemple concret de la manière dont se réalisent les aménagements entre la laïcité et le religieux local