L’école coranique au Sénégal : l’écho ou la réalité d’une alternative contra-hégémonique au modèle occidental d’éducation

La diffusion et l’application locale de normes éducatives globales ont entraîné, ces dernières deux décennies, différentes réactions des acteurs locaux qui peuvent être inscrites sur un continuum qui va de l’application active de ces normes à la conformité passive (Imaniriho, 2015a), incluant des formes de réappropriation locale des normes (Charlier, 2004 ; Lewandovski, 2011), de ruse (Imaniriho, 2015b), de « débrouillardise » locale (Reed-Danahay, 2007), de contestation et de refus, etc. Autant ces réactions font preuve des limites d’un modèle standardisé d’éducation, à prétention universel et universalisant qui essaie s’imposer, autant elles n’arrivent pas à s’organiser pour déboucher sur des formes de résistance organisées au niveau régional. Cette communication propose d’observer dans quelle mesure les logiques des acteurs d’Afrique de l’Ouest font écho à la présence des alternatives contre-hégémoniques dans le domaine éducatif, au sens de Gramsci (1971). À partir de l’étude du fonctionnement de l’école coranique au Sénégal, nous examinons le type d’épistémologie qui sous-tend ce modèle non-formel d’éducation qui échappe au contrôle des autorités depuis l’époque coloniale. Cette démarche analytique ne renvoie d’aucune manière à une quelconque forme de prosélytisme, où le but serait d’encourager la propagation de ces alternatives et la délégitimation des normes occidentales d’éducation. Elle n’a pas non plus comme but de conforter l’utopie d’une solution de type « miracle », qui serait celle de la coexistence pacifique des modèles contre-hégémoniques et hégémoniques, où ils bénéficieront de la même égalité de manifestation. En effet, nous rejoignons Derouet (2005) qui souligne l’importance que joue l’identification et l’analyse de ces contre-modèles éducatifs dans le renouvellement théorique critique de la sociologie de l’éducation. L’intérêt de notre démarche serait donc de mieux comprendre les rapports de force qui se jouent entre les deux modèles d’éducation