Dynamics of disfluencies across situations & within Basic Discourse Uni

Original Title: Dynamiques des (dis)fluences à travers les phonogenres Toute production langagière s’incarne dans une activité de parole associée à un phonogenre relativement défini. L’actualisation et l’interprétation de cette parole est donc conditionnée par les normes et attentes des locuteurs envers ce phonogenre (Candea 2000 ; Pallaud 2006 ; Boula de Mareüil et al. 2013). Ainsi, si l’actualisation des disfluences (i.e. répétitions, amorces, corrections, hésitations, etc.) est notamment corrélée à la présence de contraintes cognitives (Bouraoui 2008 : 187), leur interprétation comme marque de fluence ou de disfluence relève, elle, des attentes des locuteurs autour des mécanismes de gestion de la parole dans une situation donnée (Moniz et al. 2010 : 383 ; Shriberg 2011 : 167). Cette contribution s’attache à montrer que les zones les plus propices à la production d’une disfluence correspondent aux « segments discursifs atypiques » au phonostyle en jeu, ces segments incarnant un écart par rapport aux attentes discursives normées du locuteur et de l’interlocuteur. Notre étude pilote postule que la caractérisation d’une disfluence comme élément d’un contexte communicatif fluent ou disfluent peut bénéficier des études antérieures sur la répartition des BDU (Basic Discourse Unit) à travers les situations de parole (Degand & Simon 2009, 2011). Les BDU sont des unités formées à partir du croisement des frontières de dépendances syntaxiques (Berrendonner 2002 : 24) et des unités prosodiques majeures (s’apparentant à la période de Lacheret-Dujour & Victorri 2002). A l’appui des données enrichies du corpus LOCAS-F (Degand et al. accepté), nous formulons des profils de stratégies discursives de fluence et disfluence variant à travers les genres. Les études antérieures fondent que les discours de la proximité (Koch & Oesterreicher 2001 : 587) sont dominés par un traitement prosodique (BDU-prosodiques) des unités de discours tandis les discours de la distance répondent plus à un traitement syntaxique (BDU-syntaxiques). Nos résultats mettent en évidence une corrélation inverse entre le taux de disfluence et la densité du type de BDU prototypique à une situation de parole donnée. Les situations de parole sont envisagées en matrices de traits situationnels permettant de relier le phonogenre à des contextes situationnels particuliers (Koch & Oesterreicher 2001 : 586 ; Van Dijk 1997 : 193, Van Dijk 2008 : 56-60). Nous testons l’hypothèse selon laquelle les divergences entre frontières prosodiques et syntaxiques sont un indice d’un « segment discursif en attente de complétion » (Seltig 2000 : 511) et se révéleraient ainsi comme des endroits propices à la contextualisation de disfluences (Selting 2000 : 503 ; Degand & Simon 2009 : 89 ; Arnold et al. 2003 : 55) en ce qu’elles sont une « marque de discours en cours d’élaboration » (Dister 2007 : 105-108). Notre hypothèse suppose que les constructions syntaxiques congruentes avec les constructions prosodiques (i.e. les unités informationnelles délimitées doublement par une borne prosodique et syntaxique) sont les moins propices à l’apparition de la disfluence ; tandis que les unités non congruentes ou enchâssées témoignent d’une densité de marques locales de disfluences plus importantes aux frontières syntaxiques et prosodiques (Arnold et al. 2003 : 55 ; Boula de Mareüil et al. 2013). Cette recherche s’intègre dans un projet plus étendu, celui de l’étude des marques micro- et macro- prosodiques de la fluence et de la disfluence en français. Cette première étude souligne en quoi une définition de la (dis)fluence dépend de la définition des normes et attentes d’un phonogenre (Van Dijk, 2008 : 82). Enfin, cette contribution s’inscrit dans le cadre de la validation d’une unité cognitive de base de segmentation du discours oral en accord avec une description intégrative de l’interface prosodie-syntaxe. Notre travail prolonge les récents travaux de Degand & Simon (2009, 2011) : il confirme l’assise cognitive des BDU comme unités de traitement pertinentes pour l’analyse de la production et perception des locuteurs francophones natifs par le biais d’une étude des marques locales de disfluences (hésitations, répétitions, faux départs et chevauchements) à travers les genres. Références bibliographiques Arnold, J.E., Fagnano, M. & Tanenhaus, M.K., 2003. Disfluencies Signal Theee, Um, New Information. Journal of Psycholinguistic Research, 32(1), 25–36. Boula de Mareüil, P. et al., 2013. Une étude quantitative des marqueurs discursifs, disfluences et chevauchements de parole dans des interviews politiques. Travaux Interdisciplinaires sur la parole et le Langage 29. [En ligne], mis en ligne le 19 décembre 2013, consulté le 2 janvier 2014. URL : http://tipa.revues.org/830. Berrendonner, A., 2002. Les deux syntaxes.Verbum XXIV (1/2), 23-36. Bouraoui, J., 2008. Analyse, modélisation, et détection automatique des disfluences dans le dialogue oral spontané contraint : le cas du Contrôle Aérien. Université Toulouse III Paul Sabatier. Thèse de Doctorat. Candea, M., 2000. Contribution à l’étude des pauses silencieuses et des phénomènes dits d’ « hésitation » en français oral spontané. Université de Paris 3 Sorbonne-nouvelle. Thèse de doctorat. Dister, A., 2007. De la transcription à l’étiquetage morphosyntaxique. Le cas de la banque de données textuelle orale VALIBEL. Université Catholique de Louvain-la-Neuve. Thèse de Doctorat. Degand, L. & Simon, A. C., 2009. Mapping prosody and s yntax as discourse s trategies : how basic discourse units vary across genres. In D. Barth-Weingarten, N. Degé & A. Wichmann, eds. Where Prosody Meets Pragmatics. Emerald Group. pp. 81-107. Degand, L. & Simon, A., 2011. L’analyse en unités discursives de base : pourquoi et comment ? Langue Française, 170, 45–59. Degand, L., Martin, L.J. & Simon A.C. (accepté), LOCAS-F : un corpus oral multigenres annoté. CMLF 2014 - 4 ème Congrès Mondial de Linguistique Française, Berlin, Allemagne : EDP Sciences. Koch, P. et Oesterreicher, W., 2001. Langage parlé et langage écrit. Lexikon der romanistischen Linguistik 1/2. Tubïngen : Max Niemeyer Verlag, pp. 584-627. Lacheret-Dujour, A. & Victorri, B., 2002. La période intonative comme unité d'analyse pour l'étude du français parlé : modélisation prosodique et enjeux linguistiques, Verbum XXIV (1/2), 55-72. Pallaud, B., 2006. Troncations de mots, reprises et interruption syntaxique en français parlé spontané. In J.-M. Viprey, ed. Proceeding of JADT 2006, 8es Journées internationales d’Analyse statistuqe des Données Textuelles, 16-21 avril 2006. Besançon, France : Presses universitaires de Franche-Comté, pp. 707–715. Selting, M., 2000. The construction of units in conversational talk. Language in Society 29, 477-517. Shriberg, E., 2001. To ‘errrr’ is human: ecology and acoustics of speech disfluencies, Journal of the International Phonetic Association, 31/1, 153–169. Van Dijk, TA., 1997. Cognitive Context Models and Discourse. Language Structre, Discourse and the Access to Consciousness. John Benjamins. pp.189-226. Van Dijk, TA., 2008. Discours and context : a sociocognitive approach, Cambridge : Cambridge University Press