Une rhétorique de l’éclat(ement). Les feux d’artifice dans les festivités jésuites au XVIIe siècle

Par leurs effets spectaculaires et synesthésiques, sollicitant tout autant la vue et l’ouïe que l’odorat, les feux d’artifice et autres machines pyrotechniques apparaissent à bien des égards comme le point d’orgue des célébrations spectaculaires baroques. Pour rendre compte de l’expérience éphémère du merveilleux, les textes qui les décrivent rusent de stratégies littéraires diversifiées, combinant l’usage d’un vocabulaire spécialisé pour décrire les dispositifs pyrotechniques, une rhétorique des effets et une justification de leur sens symbolique. En nous appuyant sur un corpus de textes relatif aux fêtes de canonisation des saints jésuites Ignace et François-Xavier en 1622 dans les Pays-Bas, il s’agira d’analyser l’articulation et la complémentarité entre ces trois dimensions (description des dispositifs, de leurs effets, de l’iconographie). Une attention particulière sera accordée aux champs sémantiques de la lumière et de l’éclat, qui semblent singulièrement signifiants dans un cadre religieux, comme à leur justification iconographique. Si celle-ci semble faire l’objet d’un investissement particulier dans ces récits de fête – assez paradoxalement d’ailleurs, puisque le feu d’artifice incarne sans doute le mieux l’insaisissabilité de l’éphémère – c’est que les feux d’artifice mis en scène par les jésuites illustrent comme on aimerait le démontrer une adéquation presque parfaite entre signifiant et signifié (cristallisée autour du thème l’éclatement), laquelle semble garante de leur efficacité