Un soutien public du CNC pour les cinémas de l’écart ? Les débats autour de la Prime à la Qualité et la formation du Groupe des Trente (1953-59)

National audienceThe ‘Groupe des Trente’ is the name taken by a social movement of filmmakers that is formed in response to a reform of the distribution of short films process adopted by the National Center of Cinematography in 1953. The group is structured in association in 1954, then died during the late seventies after having militated in favor of a better consideration of the short film and filmmakers professional condition in France. Its action, largely unknown by film historians, has made it possible to impose the short film as a cinema ‘of quality’ against the cinema ‘de la qualité française’ in the French production of the fifties, but also, and paradoxically, to legitimize the public intervention in the favor of quality standards. The Groupe des Trente movement is doubly interesting. On the one hand, it brings together thirty filmmakers who stand out collectively from the French aesthetic standards, the famous cinema of the "French quality", proposing other quality criteria than a "quality award" paid directly by the French will legalize after 1955 for the feature film format (Jury article 10) and 1959 (Avance sur recettes). On the other hand, although this organization defending the short film is not exactly an aesthetic school, there is a common thought about the cinematography quality standards, a unity of action in the political engagement, as well as an identity claim around a particular film format. This paper discusses the public debates and disputes around the "cinematographic quality" (‘qualité cinématographique’) by asking two questions : (a) the place of creative innovations in the construction of the qualitative reference of the cultural policy for short film in France, and (b) the role of protest movements and film corporatism in disseminating qualitative information for professionals and other audiences.Le « Groupe des Trente » est le nom pris par un mouvement collectif de cinéastes qui se forme en réaction à une réforme de la diffusion des films de court-métrage que le Centre National de la Cinématographie adopte en 1953. Le groupe se structure en association en 1954, puis s’éteindra dans le courant des années soixante-dix non sans avoir milité en faveur d’une meilleure prise en considération du court métrage. Son action, encore largement méconnue, a notamment permis d’imposer le court-métrage comme un cinéma « de l’écart » dans la production française des années cinquante, mais aussi, et paradoxalement, de légitimer l’intervention publique en sa faveur. Le mouvement est doublement intéressant. D’une part car il regroupe une trentaine de cinéastes qui se démarquent collectivement de la norme esthétique en vigueur, le fameux cinéma de la « qualité », en proposant d’autre critères de qualité qu’une « prime » versée directement par l’Etat sur un compte d’un Fonds de soutien temporaire viendra légaliser. D’autre part car, bien que cette organisation de défense du court métrage ne soit pas une « école esthétique », on y trouve une pensée commune concernant les cinématographies de la norme et celles de la marge (ou de l’écart), une unité d’action dans l’engagement politique, ainsi qu’une revendication identitaire autour d’un format particulier de film. Cette communication revient sur la nature des débats alors en jeu autour de la "qualité cinématographique" en posant la question, d'une part, de la place des écarts et innovations créatives de rupture dans la construction du référentiel qualitatif de l'action culturelle publique, et, d'autre part, du rôle des mouvements contestataires et des corporatismes dans la diffusion d'une information qualitative à destination des professionnels et des publics