L'émergence des supporters « ultras » en France

Les comportements des supporters de football et le sens qu'ils accordent à cette activité ont fortement évolué depuis les années 1960. Des supporters radicaux sont alors apparus, d'abord en Angleterre et en Italie, puis dans le reste de l'Europe. Pour ces fans extrêmes, le supportérisme constitue un enjeu en soi : ils se conçoivent comme des acteurs et non comme de simples spectateurs. En France, le modèle italien des ultras s'est particulièrement développé. Ces ultras se structurent en associations et organisent, de manière intense et spectaculaire, le soutien à leur équipe. La compétition entre groupes n'est pas seulement symbolique (via les chants ou les animations) : il leur arrive de s'affronter violemment. Leur attitude s'avère ambivalente : ils cherchent une reconnaissance sociale mais entendent demeurer rebelles. Cette pratique offre aux jeunes hommes issus de milieux sociaux variés qui s'y engagent des activités de loisirs, une vie de groupe, l'opportunité d'acquérir une identité personnelle et une cause à défendre. Elle constitue ainsi un moyen de réaliser l'impératif moderne d'être soi, d'être l'acteur de sa propre vie. Elle s'inscrit également dans le contexte général d'émergence de la jeunesse comme classe d'âge.Hourcade Nicolas. L'émergence des supporters « ultras » en France. In: Émergences culturelles et jeunesse populaire. Turbulences ou médiations ? Paris : L'Harmattan, 2003. pp. 75-89. (Débats Jeunesses, 13