France-Amérique latine. La crise d’un universalisme, le modèle culturel et politique français au XXe siècle

Pour le dix-neuvième et une partie du vingtième siècle, la référence à la France surgit très souvent en Amérique latine, avec son lot d''emprunts, de reproductions, d''adaptations. La France, définie comme pays de culture par excellence, volontiers considérée comme mère spirituelle des nouveaux États latino-américains (et du Brésil après 1889), est omniprésente dans le discours et l''ensemble de la sphère publique qu''elle contribue à structurer ; dans le domaine politique, dans le domaine culturel et scientifique aussi. Tandis que, surclassée par le RoyaumeUni, défaite par la Prusse, la France a depuis 1870 cultivé, à l''intérieur comme à l''extérieur, une image culturelle, nourrie des Lumières et des idées de la Révolu tion, s''imposait à l''extérieur l''idée d''un modèle français, culturel et politique, à vocation universaliste. Cependant, au XXe siècle, les représentations de la France s''affaiblissent et l''Amérique latine donne l''impression de changer progressivement de sphère culturelle, de larguer les amarres d''une Europe vieillissante ancrée, en particulier la France, dans un passé fastueux et hautain. Sur un demi-siècle, de l''aube du siècle jusqu''aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, cet article analyse les composantes, acteurs, vecteurs, mécanismes d''évolution voire de dégradation du rayonnement culturel et politique de la France, ce «modèle » français diffusé à l''étranger ; ou comment «Marianne » passe du miroir au simple enjeu de mémoire dans une zone d''influence traditionnelle et profonde.Rolland Denis. France-Amérique latine. La crise d’un universalisme, le modèle culturel et politique français au XXe siècle. In: Mélanges de l'École française de Rome. Italie et Méditerranée, tome 114, n°1. 2002. La culture dans les relations internationales. Actes des colloques «La diplomazia culturale e le nazioni» (Bologne, 30 novembre-2 décembre 2000) et «La culture dans le champ multilatéral» (Lyon, 10-12 mai 2001) organisés par l'École française de Rome, la Facoltà di scienze politiche dell'Università degli studi di Bologna, l'Institut d'études politiques de Lyon, l'Institut français de Florence et le Collège européen de coopération culturelle (Luxembourg) pp. 179-222