Christine de Pizan et l’(auto)biographie féminine

Dans la tradition autobiographique et biographique, Christine de Pizan, comme première écrivaine professionnelle, joue un rôle singulier. Elle ne nous offre pas une autobiographie explicite, mais plutôt des fragments dans quantité de ses oeuvres. Sa mise en scène du «moi » est caractérisée par l’utilisation de modèles masculins de création littéraire ou de souffrance (Ovide, Boèce, Dante ou Job) et d’un cadre allégorique qui donne une signification plus profonde à l’histoire de sa vie. Par contre, les biographies féminines du Livre de la cité des dames, jaillies de l’angoisse résultant de sa lecture de textes misogynes, s’intègrent dans un cadre polémique anti-misogyne, voire féministe. Ce cadre détermine la refonte des modèles boccaciens et ha giographiques. Succédant aux modèles masculins, étalés dans son autobiographie fragmentée, Christine s’approprie donc l’autorité de réécrire l’histoire de son monde à travers des biographies féminines.Blumenfeld-Kosinski Renate. Christine de Pizan et l’(auto)biographie féminine. In: Mélanges de l'École française de Rome. Italie et Méditerranée, tome 113, n°1. 2001. Alle origini della biografia femminile : dal modello alla storia. Actes du colloque organisé par le Dipartimento di storia dell’Università degli studi di Firenze, l’École française de Rome et le Comune di Firenze «Progetto donna», Florence 11 et 12 juin 1999. pp. 17-28