La refondation athénienne de la condition héroïque

Homeric epos had signified the hellenic foundation of the heroic condition in the poetry of the Greeks, at a time more or less contemporary with the introduction of the heroic age into the Hesiodic myth of the metallic races and the institution of the athletic games at Olympia. I will try and show how tragedy constitutes the Athenian refoundation of the heroic condition. With the hero becoming a problematic figure in contrast with the citizens, the polis through tragic poetry passes judgement on the old heroic morality and the citizens in their inmost consciences build up their own convictions towards the heroes acting on stage. The performance of epic poetry required of the audience aural attention only, whilst the stage (the place of a privileged vision) demanded of the public an attention not only aural but visual ; the aede's audience heard his words and imagined the space and time of the facts he described : the public at the theatre saw heroes in action, the words of the tragic poet being not only said by himself or some other poet but by an actor with a mask who was himself the ancient hero. Greek tragedy, by offering at first a shared new vision, an illusion that refounded and called into question the heroes of the tradition expressed in the end a collective disillusion, in short the impossibility of heroic behaviour.L'épos homérique avait signifié la fondation hellénique de la condition héroïque dans la poésie des Grecs, à un moment plus ou moins contemporain de l'introduction de l'âge héroïque dans le mythe hésiodique des races métalliques et de l'institution des jeux athlétiques à Olympic Je me propose de montrer comment la tragédie constitue la refondation athénienne de la condition héroïque. Le héros étant devenu problématique face aux citoyens, la polis juge à travers la poésie tragique la vieille morale héroïque et les citoyens édifient au fond de leur conscience leurs propres convictions face aux héros qui agissent dans le théâtre. La performance de la poésie épique demandait à l'auditoire une attitude seulement auditive, tandis que le théâtre (lieu d'une vision priviligiée) exigeait du public une attitude non seulement auditive, mais aussi visuelle ; l'auditoire de l'aède entendait ses paroles et imaginait l'espace, le temps des faits qu'il décrivait : le public dans le théâtre voyait des héros en action, les paroles du poète tragique étant non plus dites par lui ou par un autre poète, mais par un acteur avec un masque qui était lui-même le vieux héros. La tragédie grecque, en offrant au début une vision nouvelle, partagée, une illusion qui refonde et met en question les héros de la tradition, traduit, à la fin, une désillusion collective, bref l'impossibilité de l'héroïsme.Miralles Carles. La refondation athénienne de la condition héroïque. In: Pallas, 38/1992. Dramaturgie et actualité du Théâtre Antique. pp. 69-78