Cuba, ocultar la memoria

« Cuba : occulter la mémoire ». Au début de la révolution cubaine et durant les premières années de son triomphe en 1959, bien des écrivains aujourd'hui exilés ont manifesté leur adhésion au régime dans des proclamations, des articles et même des dénonciations. Ils s'inséraient dans un processus qui allait un jour les engloutir ou les forcer à l'exil. Leurs convictions allaient changer peu à peu, ce qui suppose une profonde remise en cause personnelle. Pourtant la plupart ont préféré ensevelir ces écrits qui entrent violemment en contradiction avec les positions qu'ils ont ensuite assumées. Une première contradiction est celle des déclarations lénifiantes du gouvernement Castro alors que la presse de l'époque fait une large place à la vague d'exécution « d'ennemis de la révolution ». Une deuxième contradiction est celle qui apparaît avec le temps, comme le montrent les écrits littéraires et les déclarations de soutien à l'action radicale exprimées par Severo Sarduy, Guillermo Cabrera Infante, Manuel Diaz Martinez, Virgilio Pinera, entre autres exemples. Ce rappel est destiné à montrer la complexité du processus qui conduisit ces personnalités de l'adhésion au rejet et il donne l'occasion de ressusciter une mémoire occultée tant par l'histoire politique que par l'histoire culturelle, littéraire, en particulier en ce qui concerne la fiction la plus éloignée apparemment de l'engagement révolutionnaire.Machover Jacobo. Cuba, ocultar la memoria. In: América : Cahiers du CRICCAL, n°31, 2004. Mémoire et culture en Amérique latine, v2. pp. 255-262