Aux origines de Barcino romaine (Barcelone)

L'historiographie de Barcelone antique considère comme un fait acquis le fait que la colonie romaine fondée à l'époque d'Auguste aurait succédé à une première ville romaine, installée sur le flanc sud du Montjuïc, face à un antique port naturel ; cette Barcino vetus serait l'héritière d'une ville ibérique, préalablement descendue du sommet de la montagne. L'examen des découvertes ibériques interdit cependant toute idée de ville ibérique sur et autour du Montjuïc. Quant à l'hypothétique ville romaine d'époque républicaine, il s'avère qu'elle ne repose sur aucune donnée sérieuse, ni archéologique, ni épigraphique (inscription de C. Coelius, IRB, 51), ni historique : Enfin et surtout, la théorie du déplacement de site urbain est injustifiable d'un point de vue économique, chronologique et juridique. Il faut donc admettre que la fondation (dans la dernière décennie avant le changement d'ère) a volontairement choisi un site très peu habité de toute Antiquité pour profiter de cet avantage même : la colonie a été créée en marge d'importantes concentrations humaines à fort passé ibérique, situées au nord-nord-est des ríos Besós et Ripoll, et à l'ouest de la sierra de Collserola, afin d'occuper un point stratégique et de représenter surtout un modèle de romanisation.Bonneville Jean-Nöel. Aux origines de Barcino romaine (Barcelone). In: Revue des Études Anciennes. Tome 80, 1978, n°1-2. pp. 37-71