Le Romantisme inattendu : Murphy de S. Beckett, ou l'union des contraires

Murphy can be considered as an unexpected variation on three great romantic themes. Firstly that of the singularity of the eponymous hero who constantly asserts his difference through his physique and his attire ; through his behaviour and through his destiny, linked to the paths of celestial bodies. Murphy is also a book about exile, wandering and flight, which culminates in the total disappearance of the hero's body, whose ashes end up scattered over the floor in a London pub. And lastly it is a novel about the imagination and interior life contrasted with an exterior world devoid of any reality. Beckett pokes fun not so much at romantic attitudes as the oversimplified visions people sometimes have of them. We feel a profound empathy for Celia and Murphy, who belong at the same time to heaven and earth and, in the final analysis, this disturbing and bewitching work is without doubt a romantic text.Murphy peut être considéré comme une variation inattendue sur trois grands thèmes romantiques. D'abord singularité du héros éponyme qui n'arrête pas de marquer sa différence par son physique et son vêtement, par son comportement, par son destin lié aux cheminements des corps célestes. Murphy est aussi un livre sur l'exil, l'errance et la fuite, livre qui se termine par la disparition totale du corps du héros, réduit en cendres dispersées sur le plancher d'un café de Londres. C'est enfin un roman sur l'imaginaire et la vie intérieure opposés à un monde extérieur privé de toute réalité. Beckett se moque moins des attitudes romantiques que des visions simplificatrices qu'on a pu en donner. Celia et Murphy, qui appartiennent à la fois au ciel et à la terre, nous touchent profondément et, en fin de compte, ce récit déroutant et envoûtant est sans doute un texte romantique.Fierobe Claude. Le Romantisme inattendu : Murphy de S. Beckett, ou l'union des contraires. In: Études irlandaises, Hors-Série 1991. Les Romantismes irlandais – In honorem Patrick Rafroidi. pp. 197-208