L'Étrange dans The Unicorn d'Iris Murdoch

The Unicorn has repeatedly been labelled a «gothic novel». Perhaps it is one. What is obvious is that the book is pervaded throughout by strangeness. The country, the land, the castle, Hannah Crean-Smith are strange. Hannah's situation is strange : she has been a prisoner for seven years and her ground has gradually shrunk, and she, into herself. Hannah's relations with her jailers are strange : they gaze at one another and feed on the gaze. Visitors from the outside, from the everyday ordinary world are first unnerved, then paralyzed by such strangeness. Entering the Castle of Night is part of the strangeness — for the reader too. Metaphor and metonymy are paramount here, especially metaphor. The unicorn is an ambiguous figure, used here to modalize strangeness, a strangeness à la Le Fanu and a strangeness à la Beckett. Strangeness lends the novel a fantastic dimension which expresses Iris Murdoch's suffering because of Anglo-Irish tensions.«Mode» sera pris ici dans le sens de «manifestation de» et «expression de cette manifestation». The Unicom a souvent été étiqueté roman gothique, parfois un peu rapidement et sans réelle justification. Que le roman relève du mode de l'étrange est indéniable : étrange le pays solitaire et primitif où se trouve l'étrange château qui abrite Hannah Crean-Smith, prisonnière depuis sept ans sur son territoire et en elle-même. Hannah et ses étranges geôliers se contemplent et vivent du regard. Le visiteur — et le lecteur — est déconcerté, puis paralysé par l'étrangeté de l'expérience que représente l'entrée dans le Château de la Nuit. La métonymie et la métaphore surtout dominent le roman. L'auteur modalise ici l'étrange par l'utilisation de la figure ambiguë de la licorne ; on songe à Le Fanu et à Beckett. L'étrangeté confère au roman sa dimension fantastique, expression de la souffrance d'Iris Murdoch, liée aux tensions anglo-irlandaises.Charpentier Colette. L'Étrange dans The Unicorn d'Iris Murdoch. In: Études irlandaises, n°9, 1984. pp. 89-94