Une « citation » stoïcienne des Lois (II, 669 B-E) de Platon dans les Commentaires sur la musique de Philodème ?

In the fourth book of the Commentaries on music by the Epicurean Philodemus of Gadara, we can find at col. 41* a wide quotation of Plato's Laws (II 669 b-e), but in a condensed form. To know why this quotation occurs there, and who made it, that is the question. For the beginning of this 4 book seems to be devoted to give an rather abstract of the positions of the Stoic Diogenes of Babylonia about the importance to attach to music in the helle- nistic educational system about 150 b. C, and this col. 41* seems to take place in this first part of the book. If we examine attently the text handed down to us through the Herculaneum papyri and compare it with Plato's text, which the manuscript tradition gives us, we can conclude that this quotation of the Laws was made probably by the Stoic — who comes out more and more clearly nowadays as who inflected the rigid stoicism of the origins to a marked interest for the Academic school (so that Cicero will be able to affirm, in the middle of the I ret century b. C, that between Old Academy and Stoics, the opposition ist but a matter of words). At the same time, a clear difference can be perceived about the manner of dealing with the texts of earlier writers : if the Stoic Diogenes, following Chrysippus, seems to have practiced « innutrition » and freely mixed his Platonic spring with his works, the Epicurean Philodemus gives proof of a very modern scruple when he quotes his Stoic spring, which he mentions as such.A la col. 41* du livre IV des Commentaires sur la musique de l'épicurien Philodème de Cadara, se rencontre une longue citation des Lois (II 669 b-e) de Platon, mais condensée. La question est de savoir ce que fait là cette « citation », et qui en est l'auteur. Car le début de ce livre IV semble consacré à un résumé des thèses du stoïcien Diogène de Babylone sur la question de la place à accorder à la musique dans le système éducatif au ΙIe siècle avant notre ère, et cette col. 41* paraît bien encore en faire partie. Une étude attentive du détail du texte conservé par les papyrus d'Herculanum et sa comparaison avec le texte de Platon connu par la tradition manuscrite permettent de penser que cette citation est plus vraisemblablement l'œuvre du stoïcien — qui aujourd'hui apparaît de plus en plus nettement comme celui qui a infléchi le stoïcisme rigide des origines dans le sens d'un intérêt marqué pour la doctrine académicienne (au point que Cicerón pourra affirmer au milieu du Ier siècle avant J.-C. qu'entre académiciens anciens et stoïciens, l'opposition est surtout une affaire de mots). En même temps, une différence assez nette se fait sentir dans le traitement réservé aux textes d'auteurs antérieurs : si le stoïcien Diogène, à la suite de Chrysippe, semble avoir pratiqué l'« innutrition » en incorporant à ses œuvres sa source platonicienne, l'épicurien Philodème fait preuve d'un scrupule très moderne quand il cite sa source stoïcienne, qu'il avoue d'ailleurs expressément.Delattre Daniel. Une « citation » stoïcienne des Lois (II, 669 B-E) de Platon dans les Commentaires sur la musique de Philodème ?. In: Revue d'histoire des textes, bulletin n°21 (1991), 1991. pp. 1-17