Situation religieuse et culturelle de l'Église du Christ

Theology claims that Christ'message and that of his church are a unifying force, but with the plurality of religions on the hand, and the plurality of cultural movements on the other, we must question this claim. Faithful to the missionary vocation of the gospel, theology has no intention of abdicating in front of this plurality in favour of a relativism, according to wich theology should satisfy itself with upholding the notion of a regional salvation. Equally it must be recognised that the religions - with their considerable patrimony - have been a special factor in the development of the history of salvation, and this can no longer be taken away from them. Likewise, the fact that the human communities have defined a cultural area in wich minds, strengthened by emancipation, can judge freely - in accordance with God's plan for man, created in his own image - is not irrelevant to the preparatio evangelica. Because this plurality, closely linked in its two dimensions, religious and cultural, with the Christian experience, cannot be regarded merely as an obstacle to the unity of mankind in Christ's Church, but has a valid dimension, theology cannot reject this plurality on an a priori basis, but has to seek the grounds on wich the singular claim of Christianity can be advanced. The first part of this article endeavours to find the basis of a Christian vision of this plurality in the perpetual correlation of the Church and Israël. Following another Pauline correlation, a theologoumenon of the « Greeks », in other words, of the cultural movement of the societies, should next be defined to match this religious theologoumenon of the « Jews ».La pluralité des religions d'une part, la pluralité des mouvements culturels d'autre part, interrogent la théologie sur la prétention unifiante du message du Christ et de son Église. Fidèle aux envois de l'Évangile, la théologie n'entend pas se démettre devant cette pluralité, pour un relativisme selon lequel elle se contenterait désormais de soutenir une proposition de salut régionale. À l'inverse, on ne peut plus retirer au patrimoine considérable des religions la qualité de facteur spécial dans le développement de l'histoire du salut. De même, il n'est pas indifférent à la preparatio evangelica que les communautés humaines aient défini un espace de la culture, dans lequel se fortifie par émancipation le jugement libre des intelligences, conformément à l'intention du Créateur sur l'homme créé à son image. Puisque cette pluralité, rapprochée sous sa double figure de l'expérience chrétienne, ne saurait être regardée seulement comme un obstacle à l'unité du genre humain dans l'Église du Christ, la théologie doit maintenant tenter de situer la prétention singulière du Christianisme devant la validité du pluriel, autrement donc qu'en l'invalidant a priori. La première partie de cet article s'efforce de trouver la fondation d'une pensée chrétienne de la pluralité dans la corrélation perpétuelle de l'Église et d'Israël. D'après une autre corrélation paulinienne, il faudra mieux définir ensuite, en face de ce théologoumène religieux des « Juifs », un théologoumène des « Grecs », c'est-à-dire du mouvement culturel des sociétés. Moyennant la correction de l'eschatologie, on peut admettre que l'Église du Christ soit « la religion de la sortie [eschatologique] de la religion », et qu'en elle le fait religieux, tenu pour un principe invasif des sociétés humaines, trouve à se transformer pour s'accomplir. Moyennant la même correction, nous suggérons que l'Église pourrait bien être « la culture de la sortie eschatologique de la culture », entendue cette fois comme principe évasif du jeu social. En effet, contre les sophistiques toujours renaissantes, la prétention du Christ- Vérité s'offre à régler l'exercice commun et l'échange des intelligences libres sans les commander. Est-ce à dire que le foisonnement culturel soit déclaré tout stérile et vain par cette certitude de la Révélation ? Bien au contraire, il sanctionne un âge de maturité, en permettant à la religion du Christ, dans le cadre renouvelé depuis Vatican II de la liberté religieuse, de présenter à l'adhésion de foi un Dieu résistible, « scandale pour les Juifs, folie pour les Grecs », en qui s'opèrent la désaliénation réciproque du principe invasif et du principe évasif des sociétés humaines, et l'accomplissement conjoint des religions et de la culture.Vallin Philippe. Situation religieuse et culturelle de l'Église du Christ. In: Revue des Sciences Religieuses, tome 76, fascicule 3, 2002. pp. 322-347