L'objectivité de la morale chrétienne et la philosophie de l'être

Le problème de l'objectivité de la loi morale est au centre même de la vie chrétienne, non pas comme une contrainte extrinsèque à l'homme, mais comme une exigence qui surgit du plus profond de l'être humain et qui se propose à sa liberté comme une vocation à accomplir, sous la motion de l'Esprit de Dieu. Cette objectivité est même une garantie que les décisions éthiques, prises en conformité avec la loi morale précisée par la loi positive de l'Église, ne seront pas le fruit d'un arbitraire trompeur, mais concernent l'être humain dans sa réalité la plus profonde, celle de créature de Dieu appelée à partager la vie même de Dieu. Et l'amour-agapé qui est au cœur même de cette progression, effet de la grâce de l'Esprit-Saint diffusée par Jésus-Christ, et annoncée par l'Église, est la réalité la plus objective qui se puisse concevoir, puisque c'est Dieu lui-même qui vient au devant de nous, nous invitant à répondre à ce don par notre propre réalité objective, celle signifiée par une vie morale, formant le tissu de notre existence quotidienne illuminée par ce même Amour.Aubert Jean-Marie. L'objectivité de la morale chrétienne et la philosophie de l'être. In: Revue des Sciences Religieuses, tome 56, fascicule 1, 1982. pp. 52-66