Exposer ses enfants à la mixité. Discours et pratiques des parents de classes moyennes-supérieures dans deux quartiers gentrifiés de Paris et San Francisco

Exposing children to diversity. Discourse and practices of upper-middleclass parents in two gentrified neighbourhoods of Paris and San Francisco Gentrified neighbourhoods are particularly relevant areas for analysing the upper-middleclass relationship to diversity. Research in this field has generally concluded that the degree of mixing between such populations and working-class categories is low. Few studies have however looked specifically at the way in which upper-middleclass families living in these neighbourhoods tend to build their attitude towards the intermingling of their children, not only in terms of their choice of schools but also in different parts of the neighbourhood and the city. This is precisely the aim of this article, which is based on interviews with upper-middleclass parents living in gentrified neighbourhoods of Paris and San Francisco. The authors highlight the variety in meaning and importance that parents attach to diversity for their children in their discourse. Then, an analysis of their habits shows the ways in which they modulate the places in which they consider it acceptable or desirable for their children to be confronted with diversity. It appears that these upper-middleclass parents do not all seek to let their children keep “ to themselves” : their discourse and habits on the contrary attest to the multi -plicity and complexity of their attitudes towards diversity, which are sometimes combined with logics of social reproduction. The article finally identifies several factors that underlie parents’ attitude towards diversity and explain their significant differentiation.Les quartiers gentrifiés sont des territoires particulièrement pertinents pour analyser le rapport des classes moyennes-supérieures à la mixité. Les recherches s’y intéressant concluent généralement à un faible mélange de ces populations avec les catégories populaires. Rares, cependant, sont les études portant spécifiquement sur la manière dont les familles des classes moyennes-supérieures habitant ces quartiers construisent le rapport à la mixité de leurs enfants non seulement par leurs choix scolaires mais aussi dans les différents espaces du quartier et de la ville. C’est précisément l’objet de cet article, qui s’appuie sur des entretiens réalisés avec des parents des classes moyennes-supérieures habitant deux quartiers gentrifiés de Paris et de San Francisco. Les auteurs mettent en évidence la diversité du sens et de la place que les parents accordent, dans leurs discours, à la mixité pour leurs enfants. L’analyse de leurs pratiques montre ensuite les manières dont ils modulent les lieux dans lesquels ils jugent acceptable ou désirable de confronter leurs enfants à la mixité. Il apparaît ainsi que ces parents des classes moyennes-supérieures ne cherchent pas tous à maintenir leurs enfants dans un entre-soi : leurs discours et leurs pratiques attestent, au contraire, de la diversité et de la complexité de leurs rapports à la mixité – qui se combinent parfois avec des logiques de reproduction sociale. Pour finir, sont identifiés plusieurs éléments qui structurent les rapports à la mixité des parents et expliquent leur importante différenciation.Authier Jean-Yves, Lehman-Frisch Sonia. Exposer ses enfants à la mixité. Discours et pratiques des parents de classes moyennes-supérieures dans deux quartiers gentrifiés de Paris et San Francisco. In: Politiques sociales et familiales, n°117, 2014. Dossier « La résidence alternée ». pp. 59-70