Objet de valeur, objet de désir et signes de pouvoir : « l’épaule » de Pélops et la marque des Pélopides

Precious object, object of desire and signs of power : the «shoulder » of Pelops and t he mark of the Pelopids The Greek hero Pelops, ancestor of the Pelopids, is physically characterized by a distinctive mark of variable aspect, generally on the shoulder or the arm. I detail here the great variety of contexts in which this mark appears, and their infl uence on its form and connotations. Though it doesn’t exist at all in the visual arts, the mark has an existence in two very distinct domains. It is on one hand a vestige of the hero, a precious object treasured near Olympia, where Pelops received a cult. On the other hand, the mark appears in other forms in several, mainly poetical works. The choice of linking or not linking the mark with the episode of the banquet of Tantalus reveals which of two main signifi cations the authors convey through the mark : either its status of artifi cial element disappears and the authors focus on the precious gleam of ivory in order to convey a hyperbolical masculine beauty, or the mark is used as a macabre testimony of Pelops’ lost sliver of fl esh after the cannibalistic banquet of the gods. In spite of this diversity of medias and contexts, the mark generally works as a sign of power, as it is the case for the distinctive mark that the members of Pelops’ genos, the Pelopids, were rumored to wear during the last centuries of Antiquity.Le héros grec Pélops est caractérisé par une marque distinctive d’aspect variable mais située en général du côté de l’épaule ou du bras. Je montre ici la variété des contextes dans lesquels apparaît cette marque et leur influence sur la forme et les connotations qu’elle revêt. Absente de l’iconographie, la marque existe dans deux domaines très distincts. C’est d’un côté un vestige du héros conservé à Olympie et indirectement liée au culte qu’y recevait Pélops. D’un autre côté, la marque apparaît sous d’autres formes dans des oeuvres principalement poétiques. La mobilisation ou la non mobilisation par les auteurs grecs et latins du lien entre cette marque et le banquet de Tantale révèle les connotations qu’ils lui prêtent, selon qu’ils mettent en avant l’ivoire en l’associant à la beauté masculine ou bien le caractère de pièce rapportée de l’épaule liée au banquet cannibale. C’est l’idée de signe de pouvoir qui permet de conférer une unité à ces évocations diverses de la marque de Pélops, mais aussi à celles de la marque attribuée aux Pélopides vers la fi n de l’Antiquité.Cuvelier Pierre. Objet de valeur, objet de désir et signes de pouvoir : « l’épaule » de Pélops et la marque des Pélopides. In: Gaia : revue interdisciplinaire sur la Grèce Archaïque, numéro 16, 2013. pp. 191-210