Missionnaires catholiques français et protestants face à l'Afrique : le cas de la Côte du Bénin et du pays yoruba (1841-1891)

The missionary practice and the African feeling of missionary societies such as the CM. S., the W.M.M.S. and the S. M. A. which began their activities in the last century have shown noteworthy differences between one another. The British and moreover the Anglican appraisal is more optimistic than the Catholic feeling : it is especially celebrating the liberal type of monarchy instead of the Catholic favoured patriarcal monarchy. And if both consider fetichism as a degradation of monotheism, the Catholics have been more emphasizing its pantheist or even polytheist sides than the Protestants. One can first explain these différences through the Christian dominating role in British abolitionism, being favourable to a better feeling of the Blacks. On the contrary, French abolitionnists have most often been hostile to the Catholic Church. The Anglicans recruitment, their education and easier life conditions probably account for their better spirit than that of the Methodists and than that of the Catholics. Thèse différences show up in the missionary practice such as the systematic use of an African clergy by the Protestants, the major scholar works of the C. M. S. and the various predicating modes according to the societies. One has to emphasize on the broad vision of the Rulers in Europe as opposed to narrower minds of the Missionaries. The hardening of the C. M. S. in front of the African clergy after 1880 can be explained mainly by the will to give power back to the Whites of the Church. On the contrary, a better Catholic understanding of Africa will be noted owing to the improvement of their establishment. On the other hand, Catholics will remain less assimilationnists than their British Colleagues.De l'étude comparée de la pratique missionnaire et de la vision de l'Afrique par la CM. S., la W.M.M.S. et la S. M. A., sociétés missionnaires qui travaillèrent sur des terrains voisins au siècle dernier, il ressort des différences notables d'une société à l'autre. La vision britannique (et surtout anglicane) est plus optimiste que celle des catholiques. Les dirigeants de la CM.S. luttent simultanément contre le racisme « archaïque » des esclavagistes et contre le racisme « pseudo-scientifique » athée et évolutionniste. Face au « despotisme » africain, les Britanniques célèbrent la monarchie libérale, et les catholiques une monarchie patriarcale. Si tous voient dans le « fétichisme » la dégradation du monothéisme, les catholiques insistent davantage sur son côté panthéiste, voire polythéiste, que les protestants. On expliquera ces divergences d'abord par le rôle prépondérant des chrétiens dans l'abolitionnisme britannique, favorable à une meilleure image des Noirs. En France au contraire, l'abolitionnisme fut le plus souvent hostile à l'Église catholique. Le recrutement, la formation, les conditions de vie plus faciles des anglicans expliquent probablement aussi leur moral meilleur que celui des méthodistes, et surtout des catholiques. Ces différences se retrouvent dans la pratique missionnaire : l'utilisation systématique d'un clergé africain par les protestants, l'œuvre scolaire de plus grande ampleur de la CM.S., des modes de prédication variables selon les sociétés. On insistera sur la largeur de vue des dirigeants en Europe, opposée aux conceptions plus étriquées des missionnaires. Le durcissement de la CM.S. face au clergé africain après 1880 s'explique surtout par le souci de redonner le pouvoir aux Blancs dans l'Église. Chez les catholiques au contraire, on remarque une meilleure compréhension de l'Afrique avec l'amélioration de leur implantation. Ils resteront par ailleurs toujours beaucoup moins assimilationnistes que leurs collègues britanniques.Salvaing Bernard. Missionnaires catholiques français et protestants face à l'Afrique : le cas de la Côte du Bénin et du pays yoruba (1841-1891). In: Revue française d'histoire d'outre-mer, tome 71, n°262-263, 1er et 2e trimestres 1984. pp. 31-57