L'Impact social de la crise en milieu rural : le cas de Sri Lanka (Ceylan)

The case of Sri Lanka is of definite comparative and methodological interest in the study of the Great Depression. After a century of plantation growth and decline in subsistence agriculture, the economy was heavily dependent on external markets. The Chettiar banking business, the colonial government expenditure on public works, and the large expanse of small-scale Ceylonese plantations, all furthered intégration : the concept of dual economy is irrelevant and misguiding in analysing this situation. As a resuit of the depression, many Indian migrant labourers were sent home, many small Ceylonese plantations were sold out to Chettiar creditors, and the standard of living of the rural population was badly affected : the combination of bad weather and the critical economic situation made the 1934-5 malaria epidemie all the more severe (over 100 000 casualties). The village society could not cope with the strain and the spreading of rural crime can be attributed to the breakdown of traditional solidarities. From a methodological point of view, we can emphasise the interest of a study at " grass-root level " of the social repercussions of the crisis, and the benefit to be derived from the analysis of some underrated statistics.Le cas de Sri Lanka présente pour l'étude de la dépression des années 1930 dans les économies coloniales un intérêt comparatif et méthodologique certain. L'économie insulaire, marquée depuis un siècle par l'essor des plantations est très vulnérable. Précoce (1926), la chute des prix révèle par ses effets l'intégration de l'économie rurale, qui tient à la place des petites exploitations (hévéas et cocotiers), au déclin de l'agriculture vivrière, et surtout aux liens créés par le système de crédit indigène contrôlé par les banquiers Chettiar, et au rôle de l'État colonial comme employeur. Le concept de dualisme à la mode dans les années 1930 ne s'applique pas à ce cas. La dépression se traduit par une émigration massive des travailleurs indiens, une ample dépossession des petits planteurs endettés, et une dégradation du niveau de vie qui, combinée à de mauvaises conditions climatiques, explique la gravité de l'épidémie de malaria de 1934-35 (plus de 100.000 victimes). Face à l'épreuve, les solidarités traditionnelles ne suffisent plus, ce qu'atteste la recrudescence de la criminalité rurale. Parmi les leçons de méthode à tirer de cette étude on peut indiquer l'importance d'une appréhension de l'impact social au niveau monographique, par la pratique des archives locales, et l'intérêt de certaines séries statistiques souvent négligées pour l'histoire sociale.Meyer Éric. L'Impact social de la crise en milieu rural : le cas de Sri Lanka (Ceylan). In: Revue française d'histoire d'outre-mer, tome 63, n°232-233, 3e et 4e trimestres 1976. L'Afrique et la crise de 1930 (1924-1938) sous la direction de Catherine Coquery-Vidrovitch . pp. 668-686