Idéologies et pratiques sexuées des rôles parentaux [Quand les institutions de garde des jeunes enfants en confortent le partage inégal]

Ideologies and sexual practice of parental roles. When infant care institutions bolster unequal sharing. Infancy is a field where joint parental activity is inactive in practice. The various steps of delegating the care of one’s child to a third party, such as decision making, enrolment procedures, etc., emphasise the omnipresence of women and the relative lack of interest by men. The unequal sharing of parental roles is confirmed in current relations established with care services, as mothers carry out most of the tasks and daily interactions relating to the child, whereas the dominant feature of father roles is the occasional nature of their involvement as a clear and permanent role of their authority. The purpose of this article is to demonstrate how infancy socialisation institutions – community crèches and maternal assistants– contribute in their own way to perpetuating the sexual division of parental roles. The ‘ excessive importance attached to maternal roles’, which they apply with psychological, emotional or medical arguments in support, thus bolsters the sexual hierarchy of responsibilities exercised by parents.La petite enfance est un domaine où la coparentalité est peu active dans les faits. Les différentes étapes de la délégation de la garde de son enfant à un tiers, telles que la prise de décision, la procédure d’inscription, etc., soulignent l’omniprésence des femmes et le désintérêt relatif des hommes. Ce partage inégal des rôles parentaux se confirme dans les relations courantes instaurées avec le service de garde, les mères assurant la majorité des tâches et interactions quotidiennes liées à l’enfant, alors que les pères se singularisent par le caractère ponctuel de leurs interventions, signe manifeste et permanent de leur autorité. Cet article a pour objet de montrer comment les institutions de socialisation de la petite enfance – les crèches collectives et les assistantes maternelles –, contribuent, à leur manière, à reproduire cette division sexuée des rôles parentaux. La « survalorisation du rôle maternel » qu’elles pratiquent, en s’appuyant sur des arguments psychologiques, affectifs ou médicaux, conforte ainsi la hiérarchie sexuelle des responsabilités entre parents.Blöss Thierry, Odena Sophie. Idéologies et pratiques sexuées des rôles parentaux [Quand les institutions de garde des jeunes enfants en confortent le partage inégal]. In: Recherches et Prévisions, n°80, 2005. Acteurs et politiques de la petite enfance. Permanences et mutations. pp. 77-91