La «liberté de circulation» : un droit aussi de la jeunesse

Grâce à une enquête nationale réalisée auprès d’adolescents urbains âgés de 12 à 14 ans, cet article montre que les jeunes, en s’appropriant la ville, deviennent des individus. A partir des bons âges de la «libre circulation» définis par les parents, des usages de l’espace urbain par les jeunes, cette sociologie de la jeunesse est aussi une sociologie de la construction de l’identité contemporaine. L’auteur retrace la conquête urbaine, par étapes. Pour lui, c’est un élément central du processus d’autonomisation des jeunes vis-à-vis de leur famille, différencié selon le sexe et le milieu social. D’abord limitée au domicile familial - notamment avec la chambre personnelle, la possibilité de téléphoner «en privé» -, cette indépendance s’étend à l’espace urbain où, en contact avec ses copains et au travers de ses activités scolaires et extrascolaires, le jeune gagne un espace de liberté au sein duquel il pourra se construire, en partie, son univers. Cette liberté n’est pas totale, elle est contrôlée par les parents. Le jeune n’accède que progressivement à la possibilité d’avoir un monde qui soit séparé de celui de sa famille d’origine.de Singly François. La «liberté de circulation» : un droit aussi de la jeunesse. In: Recherches et Prévisions, n°67, 2002. pp. 21-36