Le travail social indéfini

Pour Michel Autès, le travail social ne se laisse pas enfermer dans une définition. Cette impossibilité est paradoxalement un ressort de son efficacité et la récurrence des questions portées sur son identité, son unité ou sa diversité, son existence comme ensemble autonome d'institutions et de compétences, témoigne de cette incertitude constitutive. Aussi, plutôt qu'une explication positiviste, c'est une interprétation du travail social autour de sa triple généalogie historique, puis autour de sa construction paradoxale et double, que l'auteur nous livre pour dégager enfin les éléments d'une qualification du travail social. Le travail social naît au croisement d'une triple histoire : celle de la suppléance familiale avec la profession d'assistante sociale, puis de l'éducation des jeunes inadaptés, avec les éducateurs spécialisés, enfin l'animation avec les animateurs socioculturels dans le sillage de l'éducation populaire. Il se construit ensuite comme un champ paradoxal autour d'une double logique : social de gestion ou déprogramme d'un côté, social d'intervention et de projet, de l'autre. Cette généalogie complexe produit un ensemble de compétences partagées qui forment le socle commun du travail social, à partir de trois registres : une efficacité inscrite dans le symbolique et la parole, un rapport constant aux questions de l'éthique, une action engagée dans l'expérience de contextes d'événements et de personnes, à chaque fois uniques.Autès Michel. Le travail social indéfini. In: Recherches et Prévisions, n°44, juin 1996. Travail social, trois points de vue. pp. 1-10