Le patronat épiscopal aux IVe et Ve siècles : continuités et ruptures avec le patronat classique

Restés des personnes privées, les évêques n'eurent pas, aux IVe et Ve siècles, d'autorité officielle dans la cité. Pourtant, leur rôle y fut considérable à partir de la seconde moitié du IVe siècle, quand leur fonction s'apparenta à celle des patrons des cités classiques, pour leur mission d'assistance aux démunis, de protection des humbles, d'incitation à la clémence auprès des juges. Ce processus connut sa pleine mesure quand, en beaucoup d'endroits, l'usage prévalut de recruter les évêques parmi les aristocrates ou les notables. On constate dès la fin du IVe siècle que des aristocrates ont recherché l'épiscopat, jugé souvent une honorable fin de carrière, et que le peuple des cités les a poussés à l'accepter, jugeant que la mission de protection et de bienfaisance dévolue à leurs ancêtres pouvait être assumée plus efficacement grâce à cette fonction désormais prestigieuse. Il n'est donc pas étonnant qu'ils y aient transposé les méthodes et les formes traditionnelles du patronat. Cependant, toute une série de témoignages, transmis notamment par la correspondance de saint Augustin, révèle d'importantes différences. En effet, leur mission de protection des pauvres et des opprimés amena souvent les évêques à s'opposer aux intérêts des notables, ce qui n'était pas le cas des patrons des cités classiques.Lepelley Claude. Le patronat épiscopal aux IVe et Ve siècles : continuités et ruptures avec le patronat classique. In: L'évêque dans la cité du IVe au Ve siècle. Image et autorité. Actes de la table ronde de Rome (1er et 2 décembre 1995) Rome : École Française de Rome, 1998. pp. 17-33. (Publications de l'École française de Rome, 248