La politique intérieure chinoise

Chinese internal affairs. This article treats the evolution of Chinese internal policy since the Cultural Revolution. In spite of the absence of information concerning what has actually been taking place since 1966, it seems evident that preoccupation over the power problem has been considerable. Efforts have been made to favor economic autonomy at regional levels and at the same time care has been taken not to endanger national political cohesion. The author querries the Army's present position in the Chinese balance of power in view of the creation of revolutionary committees and their increasing importance, and the contradictions arising from the renovation of the Party. In the first part entitled « The Army, cement of the nation or power seeker », Bertricau evokes the criticism which has again arisen regarding the technocratic professionalization of the Army, cut off from the people because of the precise and limited nature of its functions. He analyses the process of military reinforcement which has taken place in China as a result of the international situation (the war in Vietnam and the border conflicts with the USSR) and of internal instability (the Cultural Revolution which began in 1967 in which the Army found itself directly involved). Although the Army might have been tempted to overstep its bounds, it remained subordinate to political power even in such a period of crisis. Bertricau in attempting to analyse the reasons for this, concludes that the old rule, incarnate in the slogan " The Party is behind the gun " stands as firmly as ever, notwithstanding the presence of a certain special link between the Army and the civil population which penetrates upward by way of what Berticau qualifies as " osmosis ". The second part is devoted to the revolutionary committees. The reorganization of the Party has been one of the keystones in the struggle for power, the revolutionary committees having been set up to carry over during the transition period. The upheaval of the Cultural Revolution preceded the implementation of these committees each of wich as destined to be only a temporary agent of supreme power whose duties and powers were decreed in March 1967. In spite of their provisional character the revolutionary committees survived the great period of political debate in 1971-72 over the role of the Party. This was doubtless due to the influence of important persons among the members of the committees as well as other civil and military power centers, particularly in the Provinces. Bertricau then treats the reorganization and reinforcement of the Party under the symbol of the " triple Alliance " which came into power in May 1966, first, with the reorganization of the Party Committee of the municipality of Peking, and from there moved on to higher levels. The 9th Party Congress in April 1969 elaborated a reorganization program aimed at all Party levels in line with Mao's appeal "to inject new blood into the Party" by diversifying recruitement channels, by renewing participants in each of the central Party organizations and by increasing representation from the Provinces. Recent evolution, according to Bertricau, indicating a marked reinforcement of power, makes it possible to assume that the conflicts between the factions have been relegated to second place, leaving the road open to still greater consolidation. The different power levels (Party, Committees, Army) are henceforth subordinated to a "unified command", a principle which has become the mainstay of present political action. In spite of this it seems probable that present day institutions if not transitory, will probably be re-examined when China's era of "founding fathers" draws to an end.L'article traite de l'évolution intérieure de la Chine depuis la révolution culturelle. Malgré le manque d'information sur les années qui nous séparent de 1966, il apparaît qu'un problème s'est constamment posé au niveau du pouvoir à partir de cette date : favoriser l'autonomie économique à tous les échelons régionaux sans que la cohésion politique du pays ait à en souffrir. L'auteur s'interroge sur l'évolution du rôle de l'armée dans l'équilibre du pouvoir en Chine, sur la création des comités révolutionnaires et leur importance croissante et sur la rénovation du parti avec toutes ses contradictions en suspens. Dans sa première partie, intitulée « L'armée ciment de la nation ou impétrante du pouvoir », l'auteur évoque la remise en question de la conception technicienne et professionnelle de l'armée, coupée du peuple parce que dotée de fonctions précises et limitatives. Il montre le processus de consolidation militaire qui s'est déroulé en Chine tant en raison de la situation internationale (guerre du Vietnam et guerre frontalière avec l'U.R.S.S.), que de la situation interne instable (la révolution culturelle déclenchée en janvier 1967 et à laquelle l'armée s'est trouvée directement mêlée). L'armée aurait pu être tentée d'outrepasser son mandat d'exécutant mais elle est restée subordonnée au pouvoir politique même en temps de crise, ce dont l'auteur analyse les raisons. Le précepte selon lequel « le parti commande au fusil » est plus que jamais en vigueur mais il n'en existe pas moins une certaine spécificité de la relation en Chine entre l'armée et le pouvoir civil, ne serait-ce que par osmose. La seconde partie est consacrée aux comités révolutionnaires. La réorganisation du parti était l'un des aspects de la lutte pour le pouvoir et la formation des comités révolutionnaires représente à cet égard une période transitoire. Les désordres de la révolution culturelle ont précédé la mise en place de ces comités qui devaient être chacun un organe provisoire du pouvoir suprême, un document de mars 1967 en ayant défini les tâches et les attributions. Les comités révolutionnaires ont survécu au grand débat de politique générale de 1971 et 1972 sur le rôle du parti, grâce surtout à l'appartenance d'individus influents à la fois à ces comités et à d'autres instances civiles et militaires du pouvoir, notamment dans les provinces. L'auteur traite enfin de la réorganisation et de la consolidation du parti sous le signe de la « triple alliance », dont le départ fut donné en mai 1966 avec d'abord la réorganisation du comité du parti de la municipalité de Pékin, des changements survenant ensuite au plus haut niveau. Le IXe congrès du parti, en avril 1969, définit un programme de mise en place de tous les échelons du parti en relation notamment avec la directive de Mao Zedong de « faire entrer du sang nouveau dans le parti », par une diversification des voies de recrutement, un renouvellement des effectifs dans chacun des organes du pouvoir central et un élargissement de la représentation dans les provinces. Selon l'auteur, l'évolution récente dénote une nette consolidation du pouvoir qui « laisse supposer que les conflits entre factions ont été reléguées aux accessoires de sorte que l'hypothèse d'une grande conciliation paraît plus probable ». Les différents échelons du pouvoir, parti, comités, armée sont désormais placés sous « commandement unifié », ce principe étant devenu le thème central de l'actuelle ligne politique. Mais l'auteur estime que les institutions aujourd'hui en vigueur ne peuvent être que transitoires et seront probablement réexaminées lorsque l'ère des « pères fondateurs » prendra fin en Chine.Bertricau Adrien. La politique intérieure chinoise. In: Revue de l'Est, vol. 4, 1973, n°4. Economie, planification et organisation. pp. 127-149