L'enregistrement au Bailliage de Caen des édits de mai 1788

Pour briser l'opposition des Parlements, les édits de mai 1788 avaient procédé à une profonde réforme judiciaire et créé de grands bailliages. Le bailliage de Caen, par solidarité avec le Parlement de Rouen, adopta une attitude d'obstruction à l'encontre des nouvelles mesures. Dans de sévères « représentations » adressées au Garde des Sceaux, Lamoignon, les officiers du bailliage poussèrent l'audace jusqu'à reprocher au Roi de violer les lois fondamentales. Et si, sur l'ordre et en présence d'un commissaire du Roi, l'intendant de Launay, ils furent contrains de procéder à l'enregistrement des édits, ils s'empressèrent de voter aussitôt une délibération où tous leurs griefs étaient résumés en termes fort vifs. Ce sont des documents inédits contenus dans les dossiers du marquis de Belbeuf, Procureur général du Parlement de Rouen, qui ont permis à l'auteur de décrire cet épisode de la lutte entre les Cours souveraines et l'administration royale.Carabie Robert. L'enregistrement au Bailliage de Caen des édits de mai 1788. In: Annales de Normandie, 9ᵉ année, n°4, 1959. pp. 301-314