Le pillage des forêts normandes au temps de Mazarin et de Colbert

Les forêts du domaine royal sont particulièrement importantes en Haute et Basse-Normandie, y couvrant plus de 100.000 hectares. De pressants besoins d'argent, consécutifs à la banqueroute de 1648, aux désordres de la Fronde et aux dépenses de la guerre contre l'Espagne, poussent la monarchie à aliéner partie de ce beau domaine, se mettant sous la coupe des traitants. L'édit du 4 septembre 1655, pris dans ce sens, ouvre la voie à des spéculations forestières menées, de Paris et de Rouen, sous Mazarin et Fouquet par le trio Mignot- Béchameil-Berryer, ce dernier sorti des forges, bientôt bras droit de Colbert, qui n'a pu ignorer le brigandage. Les ventes interviennent en 1657. Elles donnent lieu à de curieuses pratiques, où le déguisement se mêle à la rapine. Egalement au scandale, à des plaintes circonstanciées, en vue de faire traduire les traitants (levant la Chambre de Justice créée après l'arrestation de Fouquet. Mais, bien en place autour de Colbert, occupant de hautes charges, les traitants ne seront pas inquiétés, gardant leur immense fortune et leurs places. Pour comble, Colbert fera de Berryer l'un des conducteurs de la réformation des forêts ainsi mises au pillage. L'exemple de la forêt de Brix, au Cotentin, alors très étendue, depuis totalement disparue, acquise conjointement par Fouquet et Berryer, donne la mesure de cette grosse affaire. Il fournit également des informations sur les défrichements entrepris et les activités de la forêt.Dornic François. Le pillage des forêts normandes au temps de Mazarin et de Colbert. In: Annales de Normandie, 17ᵉ année, n°1, 1967. pp. 43-77