Fécondité et limites de la réception du platonisme en Angleterre au XVIIe siècle: le cas des platoniciens de Cambridge

Even if in seventeenth-century England empiricism was the main current of thought, Platonism also played a significant part. In the thirties, elaborating at least partly upon the Florentine revival of the quattrocento, Thomas Jackson challenged the Aristotelian views still prevailing at Oxford. Outside academic circles, Lord Herbert of Cherbury was also a vocal critic of scholasticism and somehow prepared the way for the acceptance of the Cartesian doctrine by English thinkers. However, Platonism mostly flourished at Cambridge among a group of men who, after discarding the Calvinist principles on which they had been nurtured, developed a rational theology relying heavily on Platonist or Plotinian ideas. By the mid-century, Benjamin Whichcote bore the brunt of the Calvinist assault, as his former tutor, Antony Tuckney, reproached him for deviating from the orthodox path. The philosophers of the group were Ralph Cudworth and Henry More who endeavoured to find in Platonism an adequate answer to Hobbesian determinism and materialism. Capitalizing upon the Platonist and neo- Platonist texts, which they were thoroughly familiar with, they developed a kind of metaphysics, epistemology and ethics which, in their view, harmoniously combined the best of the Platonic tradition with basic Christian tenets.Même si, au XVIIe siècle, l'empirisme marque de son empreinte la pensée anglaise, la réception du platonisme y joue aussi un rôle non négligeable. Dans les années trente, Thomas Jackson s'oppose à l'aristotélisme qui prédomine encore à Oxford en s'inspirant pour une part du platonisme florentin du quattrocento. À l'écart des milieux universitaires, Lord Herbert of Cherbury critique la scolastique et prépare la pénétration du cartésianisme en Angleterre. Néanmoins, c'est à Cambridge que le platonisme trouve ses défenseurs les plus convaincus: un groupe d'hommes qui, rejetant les principes calvinistes dont ils ont été nourris, développent une théologie rationnelle s'appuyant sur les idées platoniciennes ou plotiniennes. Au milieu du siècle Benjamin Whichcote, essuie les reproches véhéments de son ancien professeur de théologie, Antony Tuckney. Du point de vue philosophique ce sont Ralph Cudworth et Henry More qui cherchent dans le platonisme une doctrine susceptible d'apporter une réponse adéquate au déterminisme et au matérialisme hobbesiens. Se fondant sur les textes platoniciens et néo-platoniciens, ils élaborent une métaphysique, une théorie de la connaissance et une éthique associant harmonieusement le meilleur de la tradition platonicienne avec ce qui constitue le cœur de la religion chrétienne.Breteau Jean-Louis. Fécondité et limites de la réception du platonisme en Angleterre au XVIIe siècle: le cas des platoniciens de Cambridge. In: XVII-XVIII. Revue de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles. N°60, 2005. pp. 99-119