La sainteté féminine du haut Moyen Âge. Biographie et valeurs

Les biographies des saintes mérovingiennes documentent un processus très complexe de christianisation. La médiation féminine est déterminante dans la conversion de Clovis et de la noblesse franque. C'est la fondation de monastères féminins (toujours très proches, ou même à l'intérieur, de la ville) qui donne à la noblesse d'origine barbare une possibilité d'intervention et d'action dans la vie religieuse de la ville, c'est-à-dire dans le domaine de l'autorité episcopale. La légitimation chrétienne et sacrale du pouvoir royal (la Selbstheilung de l'historiographie allemande) s'inscrit surtout dans les Vies des saintes reines. L'histoire de la sainte mérovingienne, une fille de la noblesse qui découvre une nouvelle identité et individualité, par la voie étroite de l'ascétisme et du renoncement, est une histoire qui déborde très souvent les cadres établis par les typologies de l'Antiquité, dont on retrouve la persistance, à travers les différences des textes. Textes qui ont une valeur littéraire tout à fait inégale, mais qui reconstituent, dans leur ensemble, un dessein cohérent, un parcours historique passionnant.Cristiani Marta. La sainteté féminine du haut Moyen Âge. Biographie et valeurs. In: Les fonctions des saints dans le monde occidental (IIIe-XIIIe siècle) Actes du colloque de Rome (27-29 octobre 1988) Rome : École Française de Rome, 1991. pp. 385-434. (Publications de l'École française de Rome, 149