Culte des saints et religiosité politique dans la Gaule du Ve et du VIe siècle

Dans la Gaule du Ve et du VIe siècle, où, sur les ruines des structures impériales, se reconstruit progressivement un ordre nouveau, c'est dans le culte des saints, vénérés comme patrons de la vie publique, que s'opère un réveil de la conscience politique. Les premières manifestations de cette « politische Religiosität » apparaissent dans le cadre de la civitas qui se place sous le patrocinium d'un martyr ou d'un confesseur promu protecteur de la collectivité locale et garant de son unité territoriale et morale. Ce culte «poliade» a ensuite servi de modèle, au VIe siècle, aux souverains francs qui mettent leur capitale sous la protection d'un saint dont le patronage, s'étendant à tout le royaume, conforte le pouvoir royal dans sa continuité dynastique. En dépit des particularismes locaux et des antagonismes entre royaumes, la Gaule tout entière commence, dans la deuxième moitié du VIe siècle, à trouver ou à retrouver, dans la vénération d'un commun patron (Martin), le sens de son unité et la foi en son destin.Pietri Luce. Culte des saints et religiosité politique dans la Gaule du Ve et du VIe siècle. In: Les fonctions des saints dans le monde occidental (IIIe-XIIIe siècle) Actes du colloque de Rome (27-29 octobre 1988) Rome : École Française de Rome, 1991. pp. 353-369. (Publications de l'École française de Rome, 149