Les interactions agressives chez l'enfant. Etude par observation directe dans différents groupes de vie.

The authors intended to analyze aggressive behaviors observable in kindergarden and primary school grades. Without any experimental intervention, « natural » behaviors have been observed, such as they spontaneously appear and develop between children or between children and adults. At a first stage two types of difficulties had to be faced. The theoretical issue was to define which behaviors were to be considered as being agressive, and here one sees the necessity of taking into consideration the intentionality of the act as well as its interpretation by the protagonists. The technical difficulty is that of the observer's presence in the classroom and of the contingency of observations. The choice was made to focus analysis on aggressive interactions considered as communication facts. A chart was first established, listing 66 modalities of aggressive interactions. It was then used to code 302 hours of observation covering the 3-9 age group: three kindegarden grades, two primary school grades and a special class for retarded children. The quantitative analyses made possible by this method show that as children grow the volume of aggressive interactions decreases. But also there is a change in their nature: a progressive symbolization and increasing complexity of coding-decoding processes in the aggressive messages. Such an evolution demonstrates the strong influence of social frames which tend to reduce aggressive acts and transpose them symbolically. The observations made in the special class have been more particula- ry analyzed to characterize each child's status and role in the general network of aggressive interactions within the group.Les auteurs se sont proposés d'analyser les conduites agressives observables dans le cadre de classes d'écoles maternelles et primaires. Cette observation a porté, hors de toute intervention expérimentale, sur des conduites « naturelles », telles qu'elles surgissent et se développent spontanément, entre enfants et entre enfants et adultes. Deux types de difficultés ont du d'abord être affrontées: d'ordre théorique, quant à la définition des conduites à considérer comme agressives (et l'on s'aperçoit alors que doivent nécessairement être prises en compte l'intentionnalité de l'acte et son interprétation par les protagonistes) ; et d'ordre technique (effets de la présence de l'observateur dans la classe, contingence des observations). Les options prises ont conduit à faire porter l'analyse sur des interactions agressives, considérées phénomènes de communication. Une liste de 66 modalités d'interactions agressives a été établie dans un premier temps. Cette liste a été ensuite utilisée pour coder 302 heures d'observation, prises dans trois classes d'École Maternelle, deux classes d'école primaire (ce qui couvre la zone de 3à9 ans), et une Classe de Perfectionnement. Les analyses quantitatives autorisées par cette méthode montrent que, à mesure que les enfants grandissent, le volume des interactions agressives diminue; mais aussi que la nature s'en transforme par symbolisation progressive et complexité croissante des processus de codage-décodage des messages agressifs. Cette évolution porte fortement la marque des cadrages sociaux qui visent à réduire et transposer symboliquement les actes agressifs. Les observations effectuées en Classe de Perfectionnement ont été particulièrement analysées sous l'angle des statuts et des rôles de chaque enfant dans le réseau général des interactions agressives au sein du groupe.Perron R., Desjeux Delphine, Mathon Tania, Mises Roger. Les interactions agressives chez l'enfant. Etude par observation directe dans différents groupes de vie.. In: Enfance, tome 33, n°3, 1980. pp. 157-178