L'éducation des filles à Paris au XVIIIe siècle : finalités et enjeux

Dans les années 1760, environ 11000 écolières fréquentent les 253 lieux éducatifs féminins de la capitale. Les filles du menu peuple rejoignent les écoles de charité, paroissiales ou congréganistes, celles du monde du commerce et de l'artisanat apprennent dans les écoles payantes gérées par la cathédrale, enfin seules les demoiselles de la grande bourgeoisie et de la noblesse peuvent s'offrir les leçons onéreuses des pensionnats conventuels. Partout, les filles ne font qu'une expérience limitée du savoir, par la brièveté des scolarités, comme par la stricte économie avec laquelle on leur divulgue «les petites sciences qui peuvent convenir à des filles». Outre l'instruction religieuse, toujours primordiale, le bagage offert au plus grand nombre se limite à l'alphabétisation et aux travaux d'aiguilles. L'école forme des mères chrétiennes et d'honnêtes travailleuses, pas des femmes savantes. Ni intellectuels, ni émancipateurs, les enjeux essentiels de l'enseignement féminin sont d'ordre religieux et moral : la petite fille, future mère donc éducatrice potentielle, est porteuse de l'espoir d'atteindre à terme la société entière quand on veut restaurer la pratique religieuse ou freiner les progrès du libertinage qui ronge le Paris des Lumières.Sonnet Martine. L'éducation des filles à Paris au XVIIIe siècle : finalités et enjeux. In: Problèmes de l'histoire de l'éducation. Actes des séminaires organisés par l'École française de Rome et l'Università di Roma - la Sapienza (janvier-mai 1985) Rome : École Française de Rome, 1988. pp. 53-78. (Publications de l'École française de Rome, 104