L’automédication des animaux chez les auteurs antiques

For the first time a catalogue of animals able to cure themselves was drawn up on chapters 5 and 6 of book IX of Aristotle’s Historia animalium, as a list of facts proving that some animals are intelligent. The theme was afterwards treated again and enriched by paradoxographers and encyclopaedists. It acquired particular strength in the philosophical controversy between advocates and adversaries of the existence of reason in animals. Both admitted the reality of numerous and sometimes spectacular cases of animal self-healing, but some used to take them as illustrating the power of nature for imposing to animals the most fitting behaviour, the others as proving that animal soul is endowed with the same faculties as the human one, so that on medical matter animal may be man’s teacher. Reflection on this subject is in Antiquity hindered to some extent by the poor quality of observation, but the interpretations propounded by the Stoics and then by the Christians are certainly the most compatible with the data of modern science.Un premier catalogue des animaux capables de se soigner eux-mêmes est établi aux chapitres 5 et 6 du livre IX de l’Histoire des animaux d’Aristote. Il intervient comme une série de preuves de l’intelligence de certains animaux. Le thème va être repris et enrichi par les paradoxographes et les encyclopédistes. Il trouvera sa plus grande vigueur dans la controverse philosophique opposant partisans et adversaires de la raison chez l’animal. Les uns et les autres ont en effet admis l’existence de cas nombreux et parfois spectaculaires d’automédication animale, les uns pour illustrer la puissance d’une nature capable d’inspirer à l’être vivant les comportements les mieux adaptés, les autres pour démontrer que l’âme animale possède les mêmes facultés que l’âme humaine, si bien qu’il n’y a rien d’étonnant à ce que l’homme puisse être en matière médicale l’imitateur ou le disciple de la bête. La réflexion de l’Antiquité est largement entravée, sur cette question, par la piètre qualité de l’observation, mais dans ces limites les interprétations des stoïciens puis des chrétiens sont certainement les plus compatibles avec les données de la science moderne.Bouffartigue Jean. L’automédication des animaux chez les auteurs antiques. In: Le médecin initié par l'animal. Animaux et médecine dans l'Antiquité grecque et latine. Actes du colloque international tenu à la Maison de l'Orient et de la Méditerranée-Jean Pouilloux, les 26 et 27 octobre 2006. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 2008. pp. 79-96. (Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen ancien. Série littéraire et philosophique, 39