Le jardin des supplices au Bas-Empire

La peine capitale - c'est-à-dire non seulement les modalités d'exécution mais aussi le délit qui les motive, les victimes et les coupables - est examinée, telle que l'a décrite l'Histoire Auguste, face à d'autres corpus comparables : les Césars de Suétone, les Martyrs de Palestine d'Eusèbe, les libri terribiles du Digeste, les Sentences de Paul, le Code Théodosien, les Apocalypses de Pierre et de Paul. Pour ces biographies - sous cet angle de vue, elles vont d'Avidius Cassius à Aurélien et appartiennent donc à la seconde série des Vies, davantage marquées par une élaboration d'auteur - la double historicité, celle du temps de l'événement et celle des temps de la rédaction réelle ou supposée se devine dans l'entrecroisement de plusieurs phénomènes: parmi les summa supplicia prééminence de la crucifixion d'une part, sur la condamnation aux bêtes qui domine au Haut-Empire, d'autre part, sur le bûcher, exemplaire, lui, au IVe s., mili tarisation de la pratique judiciaire, soit par l'aggravation physique et religieuse des sanctions, soit par le nivellement des catégories sociales, indifférenciation du châtiment avec cependant pour certains cas, surtout sexuels, une symbolique de la répression, d'une façon générale, une dramatisation de l'imaginaire, nourrie moins par l'exotisme et des curiosités d'antiquaire que par une angoisse d'ordre politique et spirituel. L'art et la littérature confirmeraient la fascination, à la fois attractive et répulsive, de ces nouvelles formes de sévérité, souvent indissociables de la cruauté.Callu Jean-Pierre. Le jardin des supplices au Bas-Empire. In: Du châtiment dans la cité. Supplices corporels et peine de mort dans le monde antique. Table ronde de Rome (9-11 novembre 1982) Rome : École Française de Rome, 1984. pp. 313-359. (Publications de l'École française de Rome, 79