La male mort. Exécutions et statut du corps au moment de la première proscription

Si la proscription décidée en 82 par Sylla impliquait la mise à mort de ceux qui figuraient sur ses listes, en revanche aucune disposition ne prévoyait les conditions de l'exécution. Par conséquent l'examen des témoignages dont nous disposons à ce propos permet de dégager un ensemble de conceptions, de souvenirs et de pratiques qui définissent la « male mort ». En particulier, les quelques sources qui nous parlent de mises à mort collectivement réalisées sur des personnages dont le corps a été systématiquement mutilé avant que ne leur soit ôtée la vie laissent entrevoir, en négatif, les conceptions aristocratiques de la belle mort; et ces pratiques sont d'autant plus significatives qu'il convient de les intégrer à un ensemble plus vaste de mesures destinées à priver les victimes de tout statut honorable dans le monde des vivants aussi bien que dans celui de l'au-delà (affichage, proclamation, privation de sépulture, damnatio memoriae). Et il n'est pas sans intérêt de constater que les choses ont bien changé dans les quarante dernières années de la République puisque lors de la seconde proscription, en 43, le corps des victimes n'est plus un enjeu.Hinard François. La male mort. Exécutions et statut du corps au moment de la première proscription. In: Du châtiment dans la cité. Supplices corporels et peine de mort dans le monde antique. Table ronde de Rome (9-11 novembre 1982) Rome : École Française de Rome, 1984. pp. 295-311. (Publications de l'École française de Rome, 79