Les Églises, l'opinion publique et la politique extérieure (1945-1981)

Universalistes de par leur mission, les Églises chrétiennes sont des Internationales et tiennent de ce fait une place dans les relations internationales. Dans chaque pays leurs fidèles et leur hiérarchie sont écartelés entre l'appartenance à un ensemble universel qui tient pour mineures les différences de race, de langue, et leur insertion dans une communauté nationale dont ils partagent les préoccupations, les intérêts, les passions. Après la deuxième guerre mondiale, alors que précédemment la plupart des Églises nationales semblaient essentiellement soucieuses de s'intégrer à la société politique, la dimension internationale s'accentue, dans l'Église catholique comme dans les Églises de la Réforme. Vatican II manifeste l'universalité de l'Église et la réforme de la Curie opérée par Paul VI en internationalise la direction ; il en va de même pour les Églises réformées avec le renforcement du Conseil œcuménique des Églises. Les unes et les autres se dotent d'instances spécialisées dans l'étude des problèmes internationaux et prennent souvent position sur la décolonisation, le développement ou la paix. Elles ont pris part à l'éducation des esprits sur ces questions, contribué à attirer l'attention sur le Tiers-Monde, diffusé un pacifisme chrétien. Leurs enseignements sont peut-être d'autant mieux reçus aujourd'hui et leur parole écoutée qu'elles prêtent moins au soupçon de vouloir régenter les espris et exercer une domination sur les États, du fait du relâchement des liens entre elles et une partie de leurs fidèles.Remond René. Les Églises, l'opinion publique et la politique extérieure (1945-1981). In: Opinion publique et politique extérieure en Europe. III. 1940-1981. Actes du colloque de Rome (17-20 février 1982) Rome : École Française de Rome, 1985. pp. 273-293. (Publications de l'École française de Rome, 54-3